Tout a commencé lorsque Don Young, ancien député, est décédé le 18 mars dernier à la surprise générale. A peine Sarah Palin avait-elle annoncé vendredi dernier qu'elle souhaitait hériter du siège du député, qu'elle avait déjà un soutien de poids: «Sarah a choqué beaucoup de monde lorsqu'elle m'a soutenu très tôt en 2016», a déclaré Donald Trump quelques heures plus tard. «Maintenant, c'est mon tour. Sarah a toujours défendu les valeurs de l'Alaska, l'énergie de l'Alaska, les emplois de l'Alaska et les gens formidables de l'Alaska».
Palin et Trump sont deux âmes sœurs qui se sont bien trouvées. L'ex-gouverneur de l'Alaska a mené une politique à la Trump lorsque celui-ci cherchait encore son bonheur dans l'immobilier. Avant même l'ère Trump, elle était bruyante, effrontée et n'hésitait pas à dire des absurdités ou même à mentir de manière grossière.
Il n'est donc pas surprenant que Palin emprunte deux vieux chevaux de bataille de l'écurie Trump pour sa campagne électorale. Corey Lewandowski, le premier directeur de campagne de l'ex-président, et un homme qui ne recule devant rien, Michael Glassner, l'ancien stratège électoral de Trump.
Comme Trump, Palin compte ses fans parmi les hommes blancs sans diplôme universitaire. Elle s'insurge contre les élites libérales, se montre volontiers avec un fusil à la chasse à l'élan et use du «politiquement incorrecte». De plus, elle s'en prend aux médias qu'elle a très tôt raillés en les qualifiant de «lamestream media» (pourri de masse). Pour finir, elle utilise sans vergogne ses charmes féminins.
Palin a atteint l'apogée de sa carrière politique lorsque John McCain l'a désignée comme running mate lors de la campagne électorale de 2008, perdue contre Barack Obama. L'ancien gentleman et héros de guerre et Palin n'ont cependant jamais fait bon ménage. Lors d'une interview mémorable, Palin a fait plus que mauvaise figure. Elle n'arrivait même pas à répondre aux questions les plus banales. McCain aurait par la suite regretté de l'avoir choisie comme candidate au poste de vice-présidente.
Grâce à McCain, Palin est devenue une personnalité nationale quasiment du jour au lendemain. Bien qu'elle ait perdu l'élection avec McCain, elle a pu en tirer profit. Elle a rédigé une biographie qui s'est vendue à plus de deux millions d'exemplaires. Fox News lui a proposé un contrat lucratif en tant qu'experte régulière. En 2012, elle a même envisagé de se présenter comme candidate à la présidence. Peu de temps après, Palin a toutefois disparu dans l'oubli.
Il n'est pas certain qu'elle parvienne à faire un retour sur le plan politique. En Alaska, sa popularité s'effrite. Seuls 31% des personnes interrogées lors d'un récent sondage se sont prononcées en sa faveur. Un juge a également rejeté une plainte pour diffamation que Palin avait déposée contre le New York Times.
De plus, Palin doit d'abord s'imposer dans des primaires très disputées au sein de son propre parti, puis contre un adversaire démocrate de taille. Le soutien de Trump l'aidera sans doute dans cette tâche. Il n'est toutefois pas certain que cela suffise. L'étoile de l'ex-président a, elle aussi, connu des jours meilleurs.
Palin s'intègre parfaitement dans le camp des candidats qui bénéficient du soutien de Donald Trump. L'ex-gouverneur devrait s'entendre aveuglément avec des députés comme Marjorie Taylor Greene, Lauren Boebert, Matt Gaetz et Paul Goslar. Comme eux, elle soutient inconditionnellement Trump et son accusation sur les élections truquées.
Pour la direction du parti républicain, le clan Trump à la Chambre des représentants commence toutefois à poser un sérieux problème. Par exemple, Madison Cawthorn, un jeune représentant paraplégique de la Caroline du Nord et partisan convaincu de Trump, a récemment affirmé qu'il avait été invité par ses collègues à des orgies sexuelles et des soirées cocaïne. C'en était trop, même pour le chef de la minorité Kevin McCarthy. Cawthorn a dû retirer son affirmation, pour laquelle il n'a bien entendu aucune preuve.
En fait, tout porte à croire que les républicains pourront reconquérir la majorité dans les deux chambres lors des prochaines élections de mi-mandat. Le plus grand danger pour le GOP est l'obsession de Trump pour le «Big Lie», les élections prétendument truquées. C'est pourquoi l'ex-président soutient des candidats si extrêmes qu'ils ne sont éligibles que pour la communauté Trump.
Trump s'oppose désormais à ses anciens proches, par exemple Mo Brooks. Le député de l'Alabama veut passer au Sénat. Trump lui a retiré sur le champ le soutien qu'il lui avait accordé. La raison: Mo Brooks a osé déclarer que les républicains devraient à nouveau regarder davantage vers l'avenir et surmonter le «Big Lie».