Il aura beau se rendre au tribunal d'humeur combattive, comme il le renâcle à coups de posts sur Truth Social, le favori des républicains pour la présidentielle de 2024 risque gros dans cette nouvelle affaire.
L'ex-président sera présent en chair et en os pour l'ouverture du procès au civil qui s'ouvre ce 2 octobre à Manhattan. Pour rappel, dans cette affaire, Donald Trump est accusé d'avoir gonflé pendant des années la valeur des actifs immobiliers et financiers de sa société, la Trump Organization.
Ce procès, qui va nous offrir un avant-goût des échéances judiciaires susceptibles de troubler sa campagne pour l'investiture républicaine, a pris un enjeu considérable la semaine dernière.
Le juge Arthur Engoron, qui préside la procédure, a en effet estimé que des «fraudes répétées» étaient établies et que le parquet général de l'Etat de New York avait d'ores et déjà démontré que Donald Trump et l'état-major de son groupe avaient «surévalué» leurs actifs entre 812 millions et 2,2 milliards de dollars de 2014 à 2021.
En conséquence, ce juge a ordonné le retrait des licences commerciales pour l'Etat de New York à Donald Trump et à deux de ses enfants, Eric Trump et Donald Trump Jr, vice-présidents exécutifs de la Trump Organization. Sans oublier la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu'elles soient confiées à des liquidateurs.
Si elles étaient appliquées, ces sanctions porteraient «un coup majeur à la capacité de Donald Trump de faire des affaires dans l'Etat de New York», estime Will Thomas, professeur en droit des affaires à l'université du Michigan.
Le milliardaire perdrait alors le contrôle sur plusieurs étendards de son groupe, dont la Trump Tower sur la Cinquième avenue. Ces propriétés sont au coeur des accusations de la procureure: la surface du triplex de l'homme d'affaires dans la Trump Tower aurait été triplée et l'immeuble du 40 Wall Street surévalué de 200 à 300 millions de dollars dans des déclarations financières. Sont aussi concernés la luxueuse résidence Mar-a-Lago, en Floride, ainsi que plusieurs golfs de la Trump Organization.
La procureure réclame aussi que soient reconnues d'autres violations de lois financières et une amende de 250 millions de dollars.
Donald Trump a toujours balayé les accusations. Sur son réseau Truth Social, il a fait valoir que les banques prêteuses avaient été remboursées, «totalement, avec les intérêts, sans défaillances et sans victimes». La défense compte aussi se battre pied à pied sur les évaluations des actifs.
Quoi qu'il en soit, le procès s'annonce technique. Des dizaines de témoins sont d'ores et déjà attendus, dont trois des enfants Trump, Eric, Donald Jr et Ivanka, initialement visée par la plainte, mais finalement non poursuivie.
Citons aussi l'ancien directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg, qui a fait de la prison après avoir plaidé coupable de fraude fiscale dans un autre dossier visant le groupe. Ainsi que l'ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, devenu l'un de ses ennemis jurés, mais aussi des employés des banques prêteuses ou du cabinet d'experts-comptables Mazars, qui avait décidé en 2021 de ne plus travailler avec la Trump Organization. (mbr/ats)