La commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 a recommandé lundi que des poursuites pénales soient lancées contre l'ex-président Donald Trump, notamment pour appel à l'insurrection et complot à l'encontre de l'Etat américain.
Non contraignant, cet appel n'en est pas moins historique, parce qu'il vise un ancien chef d'Etat.
Les neuf membres de la commission - sept démocrates et deux républicains - ont voté à l'unanimité en faveur de ces recommandations lors d'une dernière réunion publique et en direct, dont la fin a été saluée par des applaudissements dans la salle.
C'est l'aboutissement de 18 mois d'investigation, durant lesquels les élus ont interrogé un millier de personnes, examiné une montagne de documents et tenu des auditions publiques très médiatisées pour prouver que Donald Trump était «au centre» des événements.
Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans de l'ancien président, convaincus par ses allégations de «fraudes électorales», avaient semé le chaos dans le temple de la démocratie américaine, au moment où les élus certifiaient la victoire de Joe Biden.
Au moins cinq personnes sont mortes en lien avec l'assaut et des centaines ont été inculpées dans le cadre des violences.
Le républicain, qui avait exhorté ses supporters à se «battre comme des diables», avait immédiatement fait l'objet d'un procès en destitution au Congrès, mais avait été acquitté grâce aux sénateurs de son parti.
En niant la réalité, Donald Trump a «brisé» la confiance dans le système démocratique, a dénoncé Bennie Thompson, chef de la commission.
La numéro deux de la commission, la républicaine Liz Cheney, bête noire de Donald Trump, a elle jugé que ses actes avaient montré qu'il était «inapte» à occuper de nouvelles fonctions publiques.
Les quatre chefs d'inculpation recommandés par les élus-enquêteurs sont les suivants: appel à l'insurrection, complot à l'encontre de l'Etat américain, entrave à une procédure officielle (de certification d'un scrutin présidentiel) et fausses déclarations.
Ces motifs peuvent entraîner des peines de prison et l'interdiction d'assumer toute fonction publique, alors que l'ancien président a annoncé qu'il se relançait dans la course à la Maison Blanche pour 2024.
Le vote de la commission est largement symbolique, car ses membres ne peuvent pas inculper eux-mêmes l'ex-magnat de l'immobilier. Ce sera au ministère de la Justice, qui a nommé un procureur spécial pour enquêter de façon indépendante sur Donald Trump, de décider s'il le poursuit ou non.
Bennie Thompson s'est dit «convaincu» sur CNN que le ministère allait inculper le républicain:
Interrogée sur le sujet, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a dit que l'exécutif voulait «faire très attention à ne pas du tout politiser ce processus»:
Devançant l'audition, Donald Trump avait déjà tempêté sur sa plateforme, Truth Social, contre la recommandation à venir de la commission - qualifiant ses membres dans son style habituel de «cas sociaux et de voyous».
Le milliardaire a notamment défendu le discours qu'il a prononcé le 6 janvier 2021 et ses autres actes ce jour-là comme étant «modérés et pleins d'amour». Il avait à l'époque appelé ses partisans à se «battre comme des diables», sans toutefois leur demander expressément d'envahir le Capitole.
Chargés de faire la lumière sur les faits et gestes de l'ancien président avant et pendant le 6 janvier 2021, les élus ont cherché à montrer que l'ex-locataire de la Maison Blanche avait tenté de garder le pouvoir alors qu'il se savait battu:
La commission n'a eu de cesse de dire qu'il était impossible que le républicain ne sache pas qu'il avait perdu l'élection face à Joe Biden. Son ministre de la Justice, une série de conseillers, et même sa propre fille, Ivanka... Dans des témoignages face caméra, plusieurs membres de la garde rapprochée de Donald Trump ont dit ne pas avoir cru à ses théories de «fraude électorale».
Donald Trump est aussi accusé d'avoir fait pression sur son vice-président Mike Pence et sur des responsables électoraux, en particulier en Géorgie et dans l'Arizona, pour essayer d'invalider la présidentielle. (ats/cru/jch)