En fin de semaine passée, le candidat républicain s'est ôté une sacrée épine dans le pied. Dans le cadre du procès civil pour fraude contre la Trump Organization, son célèbre fondateur n'a eu finalement à payer «que» 175 millions de dollars pour sa caution. Une transaction lui permettant désormais de faire appel à la condamnation qui, elle, se monte toujours à plus de 450 millions de dollars. De quoi respirer quelques nuits, avant de devoir (sans doute) racler une nouvelle fois les fonds de tiroir.
Durant plusieurs jours, Donald Trump ne s'était pas privé de hurler qu'il n'était pas en mesure d'honorer ce montant «indécent» et «injuste», lorsque la caution tutoyait encore le demi-milliard. Non seulement il manquait cruellement de liquidités, mais les institutions bancaires refusaient catégoriquement de lui prêter le moindre cent. Ses ennemis pariaient déjà sur la faillite du gourou MAGA, tandis qu'on épluchait tant bien que mal ses avoirs.
Si, le 27 mars dernier, Forbes estimait la fortune du magnat de l'immobilier à 6,4 milliards de dollars, il le doit d'abord à Trump Media & Technology Group. Entrée en bourse avec panache, il y a une semaine, la valeur de la société s'est effondrée de 21% au beau milieu du week-end pascal. Ce qui ne l'empêche pas de peser encore sept milliards.
Tout ça pour dire que Donald Trump n'avait manifestement plus à remuer ciel et terre pour dégoter le (plus petit) montant demandé par la justice. Et pourtant. En fouillant le document de réception de la fameuse caution, déposée lundi à New York, on découvre qu'il n'a pas (encore) mis ses doigts dans une seule de ses poches.
Au lieu de ça, on découvre que c'est la compagnie Knight Specialty Insurance, basée à Los Angeles, qui s'est «engagée» à ce que les coupables «s'acquittent de la somme exigée par le jugement, plus les intérêts et les frais». Une sacrée responsabilité, que le patron de cette mystérieuse assurance, Don Hankey, a prise tout seul en décrochant son téléphone:
Hello Mister Trump, I wanna help!
Enfin presque, puisqu'il n'a «jamais parlé personnellement au candidat».
Selon le Washington Post, qui s'est entretenu, mardi, avec le bon samaritain âgé de 80 ans, les premières discussions entre la Trump Org. et Knight Specialty Insurance datent du mois dernier, lorsque Trump était encore sommé de se délester de 450 millions de dollars en quelques jours. En raccrochant, Don a mis les bouchées doubles, avec l'aide précieuse de sa femme Debbi. Selon le couple californien, aucun doute: «Les affaires de Hankey pourraient couvrir cette somme».
Mais, quelques jours plus tard, changement de programme: la caution se dégonfle, l'urgence n'est plus la même et les Hankey sont «remerciés par la Trump Organization».
Mais pourquoi tant de générosité, venant d'un homme d'affaires octogénaire inconnu au niveau national? Déjà, Don Hankey a beau peser plus de sept milliards de dollars, il semble infoutu de laisser filer une opportunité d'en gagner un peu plus. Et selon ses propres dires, avec la caution de Trump, il a réalisé «une très bonne affaire». Sans en dévoiler davantage, évidemment. Ensuite, notre homme est un supporter de longue date du candidat républicain, mais jure que son geste n'a rien de politique.
En d'autres termes, money is money: «Je suis président du conseil d'administration de plusieurs sociétés et nous essayons de rester à l'écart des questions politiques». Etant donné que les tracas judiciaires de Trump nourrissent goulument sa campagne, cette explication peut sembler faiblarde. D'autant que Don Hankey s'est engagé, dans la foulée, à le «soutenir financièrement à l'avenir», mais pas en tant que «donateur majeur». Soit.
En 2021, la fortune personnelle du PDG de Hankey Group a littéralement bondi, passant de 3,2 à 7,4 milliards. Un pactole que ce père de quatre enfants a amassé grâce à une technique commerciale controversée, armée de sa société financière Westlake: offrir des petits crédits à gros intérêts, aux Américains qui ne peuvent pas se permettre d'acheter une voiture. Forbes, dans une enquête publiée en 2015, dévoilera que 336 000 prêts étaient en cours, à un taux supérieur à 20%. Le hic? Plus de 250 voitures étaient confisquées tous les jours, aux clients pris à la gorge.
Eh oui, on parle bien des suprimes.
Cette affaire le fera rentrer dans la justice de plein fouet. Malgré une série d'amendes salées et un coup de règle sur les doigts, il n'y aura pas de quoi planter sur les freins. Quelques mois avant l'enquête de Forbes, ce golden boy de la West Coast a signé un juteux contrat avec Uber, pour que les futurs chauffeurs puissent bénéficier de ses taux pourtant prohibitifs. Un business peu reluisant, mais affreusement rentable, puisque ses clients n'ont souvent pas le choix de s'infliger des taux qui tutoient les plafonds.
Le milliardaire avait fait du bruit à L.A. il y a deux ans, en investissant 82,5 millions de dollars dans The One, une propriété aussi immense qu'improbable, nichée sur les hauteurs de Bel-Air et imaginée par l'ancien réalisateur Nile Niami.
Elle possède 21 chambres, 42 salles de bains, une maison d'hôtes, des piscines à débordement, une boîte de nuit, un spa, un salon de beauté, un bowling et une salle de cinéma. Son prix? 500 millions de dollars. Hélas, Nile Niami rencontrera des soucis financiers, bien avant que la maison soit raccordée au gaz. The One sera vendue aux enchères à la moitié de son prix initial.
Don possède surtout un magnifique manoir sur la plage de Malibu, baptisé Xanadu, qui appartenait autrefois à la chanteuse et actrice Olivia Newton-John. Encore aujourd'hui, le businessman s'amuse à la louer à Hollywood, pour la modique somme de 13 000 dollars par jour. Si bien que l'on a pu apercevoir sa bicoque dans la série Les Experts: Miami ou le film Charlie's Angels.