Sept petits jours après son entrée en bourse, le titre se révèle être un investissement spéculatif. De véritables montagnes russes. Après avoir perdu plus de 20% lundi, l'action a brutalement rebondi mardi.
L'entreprise de médias, fondée quelques semaines après le départ de Donald Trump de Washington, s'est fixé des objectifs de taille: concurrencer les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), offrir une alternative aux films hollywoodiens ou encore porter haut la liberté d'expression. Sauf qu'au cours des trois dernières années, les employés de TMTG n'ont sorti qu'un seul produit: la plateforme Truth Social, également disponible en Suisse, sur laquelle Donald Trump commente les événements mondiaux depuis qu'il a été banni de Twitter (X) à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et, presque toujours, en majuscules.
Jusqu'à présent, l'entreprise a agi comme une machine à dilapider de l'argent. L'année dernière, TMTG a enregistré une perte d'un peu plus de 58,1 millions de dollars, contre seulement 4,1 millions de dollars de recettes. Les coûts du capital ont été désignés pour responsables de ces chiffres rouges. Les charges d'intérêts s'élevaient à plus de 39 millions de dollars en 2023. D'ailleurs, si TMTG n'avait pas obtenu de nouveaux capitaux grâce à son entrée en bourse la semaine dernière, elle aurait été menacée d'insolvabilité.
Pour une start-up technologique, ce schéma n'est pas inhabituel. Prenons Facebook, par exemple: l'entreprise a mis cinq ans et demi pour devenir rentable. ce qui est toutefois plus anormal dans le cas de Truth Social, c'est que l'entreprise refuse de communiquer sur son nombre d'utilisateurs. Une opacité que le groupe justifie dans son rapport annuel 2023, en affirmant que la divulgation d'«indicateurs traditionnels», tels que les utilisateurs actifs, ne serait pas dans le meilleur intérêt du groupe. Cette politique d'information laisse les investisseurs perplexes. Un indice laisse cependant à penser que l'intérêt pour le réseau social est limité: les prises de position de l'ancien président ne sont commentées sur Truth Social que par quelques centaines de personnes à chaque fois.
L'actionnaire principal de l'entreprise n'est autre que Donald Trump lui-même. Le milliardaire détiendrait près de 60% des actions de TMTG, négociées sous ses initiales «DJT» à la bourse technologique Nasdaq. Sur le papier, il s'est donc enrichi de plusieurs milliards de dollars la semaine dernière. Comme l'entreprise est entrée en bourse en tant que SPAC («Special-purpose Acquisition Company») et que Donald Trump a accepté certaines conditions, l'ex-président ne peut pas se défaire de ces actions pour le moment.
D'autres actionnaires importants sont également soumis à ce délai de blocage de six mois. Dans la pratique, cela signifie que le nombre d'actions négociables est comparativement faible, et le cours du titre est donc extrêmement volatile. Les investisseurs institutionnels, en tout cas, semblent jusqu'à présent ne pas vouloir toucher à l'action.
De nombreux petits investisseurs ont acheté l'action en guise de soutien à Donald Trump. La valeur boursière de l'entreprise - près de 7 milliards de dollars - ne s'explique pas autrement. Cependant, il semble «difficile à croire que l'entreprise vaut autant d'argent», a commenté récemment le Wall Street Journal.
Certains investisseurs spéculent aussi sur une victoire électorale de Trump en novembre prochain et sur un bond des cours. En revanche, si le républicain venait à perdre les élections présidentielles, TMTG et Truth Social risquent de disparaître - et c'est aussi pour cette raison que de nombreux experts déconseillent d'investir.