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Droits de douane: il n'y a pas que la Suisse qui souffre

Le monde se réveille sous le coup des droits de douane de Donald Trump.
Les droits de douane de Donald Trump sont entrés en vigueur dans des dizaines de pays.Image: EPA CNP / POOL

Il n'y a pas que la Suisse qui souffre ce jeudi

«Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les Etats-Unis», s'est réjoui Donald Trump alors que ses surtaxes entraient en vigueur pour des dizaines de pays. Mais tous ne subissent pas le même traitement.
07.08.2025, 10:5007.08.2025, 14:06

Les nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines d'économies sont devenus effectifs jeudi, esquissant le nouvel ordre commercial mondial voulu par Donald Trump. Ces surtaxes, entrées en vigueur à 06h01, une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, celle de 10% appliquée depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux Etats-Unis.

Il s'agit, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les Etats-Unis et ses partenaires, qui «profitent» d'après lui de la première puissance économique.

«Il est minuit!!! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les Etats-Unis d'Amérique»
Trump sur son réseau Truth Social

Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15% et 41%. L'Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, sont désormais concernés par un taux d'au moins 15%.

Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant dans le pays était de 18,4%, le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. Cette hausse supplémentaire devrait porter ce taux à près de 20%, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Cela en ferait le plus élevé depuis le début des années 1930, selon le Budget Lab.

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Et de nouvelles annonces devraient suivre, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il précisé mercredi, sans plus de détails.

Le Mexique, rare exception

Certains pays ont tenté jusqu'au dernier moment de faire revenir les Américains sur leur décision, à l'image de la Suisse, frappée par un taux punitif de 39%. La présidente helvète Karin Keller-Sutter et son ministre de l'Economie, Guy Parmelin, sont rentrés jeudi matin d'une mission de la dernière chance à Washington pour mener d'ultimes négociations.

Pour l'heure, alors que le gouvernement américain assurait que «des dizaines d'accords» seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l'Union européenne, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s'agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d'investissements massifs aux Etats-Unis de la part des pays ou blocs concernés.

Rare exception, le Mexique a échappé aux nouvelles hausses. Le président Trump a prolongé de 90 jours les conditions douanières dont il bénéficie actuellement, à savoir 25% sur les produits entrant aux Etats-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain.

La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s'étant accordées le mois dernier sur le maintien d'une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations: les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%.

En revanche, l'heure n'est pas à la détente avec le Canada, qui a vu le 1er août augmenter la surtaxe appliquée sur ses produits, à 35%. Lepremier ministre canadien, Mark Carney, en a cependant relativisé l'impact, estimant que plus de 85% des exportations vers son voisin n'étaient pas concernées.

L'Inde et le Brésil dans le collimateur

L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé la semaine dernière un décret imposant 50% de surtaxe douanière au Brésil, entré en vigueur mercredi. Là encore, les nombreuses exceptions font que moins de 35% des produits sont concernés, selon Brasilia.

Cette surtaxe fait office pour Donald Trump de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat après sa défaite à l'élection de 2022.

L'Inde doit composer avec des droits de douane de 25%, qui passeront dans trois semaines à 50% sur un certain nombre de produits, Donald Trump reprochant à New Delhi le manque d'ouverture de son économie et ses achats de pétrole russe sous sanction.

Inquiétude des économistes

Les pays commencent néanmoins à s'adapter: le Brésil, qui a déposé plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), veut aider ses entreprises à diversifier leurs débouchés.

Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d'une économie largement endettée. L'impact des droits de douane continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l'inflation - en hausse en juin à 2,6%-, avec le risque de ralentir la croissance, qui ne devrait pas dépasser 1% en rythme annualisé au second semestre, selon les prévisions. (jzs/ats)

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