Nayib Bukele, le jeune président de 42 ans, au pouvoir depuis 2019 au Salvador et réélu ce dimanche pour un second mandat, a déclaré que son parti Nuevas ideas «remporte au moins 58 des 60» sièges à l'Assemblée, ce qui constitue selon lui «un record dans toute l'histoire démocratique du monde entier».
L'institut CID-Gallup, dont un sondage réalisé à la sortie des urnes donnait plus tôt Nayib Bukele vainqueur avec 87% des voix, a également souligné n'avoir «jamais observé un écart de cette ampleur lors d'une élection». Quelque 6 214 399 électeurs inscrits, dont 74 094 à l'étranger, essentiellement aux Etats-Unis, étaient appelés à voter.
Nayib Bukele s'était auparavant félicité d'avoir vaincu le «cancer» des bandes criminelles et a affiché son intention de maintenir «l'état d'urgence», en vigueur depuis mars 2022, après avoir voté, tout sourire, au côté de son épouse.
Ce régime d'exception, permettant arrestations sans mandat et déploiement de l'armée dans les rues, a envoyé derrière les barreaux quelque 75 000 personnes. Environ 7000 d'entre elles, injustement détenues, ont été libérées.
Les meurtres imputables aux maras, les gangs locaux, sont passés de plus de 800 en 2019 à 57 l'année dernière, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled).
Lors d'une conférence de presse, Nayib Bukele a notamment été interrogé sur les reproches formulés par ses détracteurs, qui dénoncent une dérive autoritaire d'un chef de l'Etat qui concentre désormais tous les pouvoirs, et un danger pour la démocratie. Après avoir fait remplacer les juges de la Cour suprême et le procureur général, il a pu contourner la Constitution, qui interdit les mandats consécutifs, en prenant un congé de six mois avant le vote.
Ce à quoi le président réélu a répondu:
Pour rappel, Nayib Bukele, ex-maire de San Salvador (2015-2018), entré en politique en 2012, se qualifie volontiers de «dictateur cool» pour tourner en dérision la dérive sécuritaire dont il est accusé.
La construction d'une méga-prison de haute sécurité aux conditions de détention très strictes s'accompagnent d'allégations de violations généralisées des droits humains. (ag/ats)