D'un côté, Dave Chappelle. L'immense humoriste superstar, friand de free speech, accusé de transphobie après avoir fait des blagues sur les transgenres et la communauté LGBTQ, était de passage à San Francisco. Une ville connue pour ses délicieux Sourdough Bread, sa maire démocrate, mais aussi pour abriter le quartier général de la société la plus bousculée de la planète: Twitter.
De l'autre, Elon Musk. Le milliardaire superstar, friand de free speech, accusé (notamment) de mettre le souk dans les bureaux de «son» réseau social et d'attiser les paroles de haine en ligne. Dimanche soir, le premier a invité l'autre sur scène pour faire un petit coucou. Ce qui auraient pu être une belle surprise pour les 18 000 fans (!) de Dave Chappelle s'est transformé en tsunami de sifflets désapprobateurs.
Plusieurs milliers de personnes entassés dans ce «Chase Center» de San Francisco ont effectivement fait pas mal de bruit, mais pas vraiment comme espéré. A son arrivée sur scène, Musk s'est fait violemment hué et ça n'a pour ainsi dire pas arrêté jusqu'à sa sortie, la queue entre les jambes.
Plusieurs minutes durant lesquelles Elon Musk semblait surpris, désespéré et paumé devant tant de désamour, lui qui a prouvé plus d'une fois sa satisfaction d'être littéralement adulé. «On dirait que certaines des personnes que tu as virées sont dans le public», a tenté de plaisanter Dave Chappelle, dans l'espoir de sauver une atmosphère aussi détendue qu'un slip trop juste.
Comme le précise le média Gizmodo, les téléphones portables n'étaient pas autorisés dans la salle. Manifestement, de nombreux spectateurs se sont montrés particulièrement indociles puisque des dizaines de vidéos se sont rapidement retrouvées sur internet. Et, évidemment, sur Twitter. Sans grande surprise, pas mal d'observateurs ont compris que les preuves visuelles disparaissaient les unes après les autres sur le réseau social racheté 44 milliards de dollars par le «pauvre» Elon Musk.
Une longue séquence de mécontentement générale qui met littéralement mal à l'aise. Si quelques respirations et applaudissements se sont malgré tout frayés un fin chemin entre les huées, ils étaient exclusivement destinés à l'humoriste américains, d'ailleurs lui aussi quelque peu étonné par la tournure de l'événement: dès que le milliardaire tentait de reprendre la parole, la foule se mettait au diapason pour couvrir ses mots.
Rare sur scène ou à la télévision, Elon Musk ne vit ces derniers temps que chez et sur Twitter. Il a d'ailleurs avoué récemment avoir fait installer des chambres à coucher au QG pour que les employés et lui-même puissent dormir au boulot.
S'il fait sensation en ligne, tweetant toutes les cinq minutes pour haranguer les «gauchistes», bannir Kanye West, dévoiler des Twitter files censés incriminer le fils de Joe Biden ou vanter la qualité et l'audience de son réseau social, il n'a pas vraiment l'habitude de se confronter à la réalité de sa popularité. Ce qui a sans doute motivé son voeu de répondre (sur Twitter, of course) à ce torrent de haine reçu in real life.
(fv)