Emmanuel Macron a commencé vendredi à retrouver les chefs de partis qui ont répondu présent pour les deuxièmes «rencontres de Saint-Denis», avec la ferme intention de montrer aux oppositions ayant décliné l'invitation qu'elles ont raté le coche.
Comme le 30 août, cet exercice destiné à «créer du consensus» dans un pays fracturé, se tient à la Maison de l'éducation de la Légion d'honneur, à deux pas de la basilique où reposent les rois de France.
Au menu:
Si tous les chefs de partis avaient fait le déplacement pour la première édition, Eric Ciotti (Les Républicains), Olivier Faure (Parti socialiste) et Manuel Bompard (La France Insoumise) n'en seront pas cette fois.
«Je peux les comprendre», a déclaré le chef du PCF Fabien Roussel à son arrivée, dénonçant «l'impasse démocratique» constituée par «un 49.3 par semaine» dans un «Parlement bafoué», en référence à l'article de la Constitution permettant l'adoption d'un texte sans vote. Lui est venu représenter une «voix de gauche» et défendre notamment le pouvoir d'achat.
Elle ajoute qu'il est «logique que les chefs de partis échangent» avec le président de la République. Sans quoi, a poursuivi la responsable écologiste, on tombe dans «une incommunicabilité préjudiciable et inquiétante». Elle a néanmoins critiqué un Emmanuel Macron qui «entend beaucoup plus de l'oreille droite que de l'oreille gauche» et a rappelé son souhait de «mettre l'écologie à l'ordre du jour» de cette discussion.
«Je suis à la tête d'un parti de gouvernement», a de son côté justifié Jordan Bardella (RN). «Chaque fois que la République nous convoque, nous répondons présent».
Hervé Marseille (UDI) et Guillaume Lacroix (PRG) assistent également à la rencontre. Les Républicains seront représentés par un acteur de poids, le président du Sénat Gérard Larcher, invité au même titre que la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.
Le chef de l'Etat pourra aussi compter sur ses alliés, Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (MoDem), Édouard Philippe (Horizons), Laurent Hénart (Parti radical).
«En démultipliant les initiatives extérieures au champ institutionnel, vous participez à les affaiblir et à nourrir la crise de la démocratie», fustige Eric Ciotti dans une lettre ouverte dont l'AFP a obtenu copie.
La discussion «doit être publique, soit au Parlement, où le peuple délègue ses représentants, soit directement avec le peuple lui-même par référendum», insiste-t-il.
A gauche, on dénonce «une mise en scène» (Faure) ou «un exercice monarchique», «un format à huis clos» (LFI). Des jugements négatifs sur l'exercice aussi portés par 61% des Français, selon un sondage Odoxa pour Le Figaro.
Si l'accumulation de désistements plombe l'exercice présidentiel, le chef de l'Etat va mettre un point d'honneur à démontrer qu'il reste plus que jamais d'actualité. En commençant sans doute par reproduire le marathon de la première rencontre, qui avait duré douze heures et fini tard dans la nuit.
S'il veut montrer qu'il s'est «laissé convaincre par des idées qui n'étaient pas nécessairement les siennes», il «faut que ça dure un peu longtemps», résume le politologue Bruno Cautrès, qui n'exclut pas un «coup politique» présidentiel avec une «solution institutionnelle un peu innovante».
Le chef de l'Etat, qui ne peut se représenter en 2027, «commence à sentir que le sablier est en train de se retourner, le temps lui est compté», poursuit le politologue. Il lui faut donc «poser des actes» qui forgent un bilan, avec un texte sur la fin de vie et la modernisation de la Ve République, esquisse-t-il.
La première réunion avait débouché sur une conférence sociale sur les bas salaires et un débat au Parlement sur la situation internationale.
Trop peu, a déploré jeudi Jordan Bardella dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, affirmant que «ces exercices sans fin masquent de moins en moins l'inertie présidentielle». (tib/ats)