Les Etats-Unis, qui cherchent à renforcer tous azimuts leurs alliances face à la Chine, ont annoncé mercredi avec l'Australie et le Royaume-Uni un partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique. Cela pourrait malmener les ambitions économiques françaises dans la région.
La Chine n'a été mentionnée mercredi ni dans les déclarations orales, ni dans le communiqué qui évoque la «paix et la stabilité dans la région indo-pacifique»:
Le président américain réunit d'ailleurs le 24 septembre à Washington les premiers ministres australien, indien et japonais pour relancer un format diplomatique, le «Quad», qui végétait depuis plusieurs années.
A la suite de cette annonce spectaculaire, qui voit les Etats-Unis partager une technologie particulièrement sensible, l'Australie devrait annuler, selon la presse australienne, une gigantesque commande de sous-marins conventionnels à la France, pesant des dizaines de milliards d'euros, et que le président Emmanuel Macron s'est engagé à défendre.
Et il n'est pas sûr que Paris se console avec les propos conciliants de Joe Biden, qui a assuré mercredi que les Etats-Unis voulaient «travailler étroitement avec la France» dans cette zone très stratégique. Paris «est un partenaire clé» des Etats-Unis, a-t-il encore dit.
L'annonce de mercredi – malgré les précautions de langage de Joe Biden – risque bel et bien de jeter un coup de froid sur une autre alliance, avec la France, si l'Australie dénonce effectivement ce qui est parfois qualifié de «contrat du siècle» pour l'industrie de défense française.
Un accord-cadre conclu en 2016 par l'Australie, mais qui bat de l'aile, prévoit la construction de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle, conçus à partir des sous-marins nucléaires d'attaque français Barracuda.
Le coût global du programme dont le français Naval Group a la charge s'élève à 50 milliards de dollars australiens (33,7 milliards de francs). Le groupe spécialisé dans la construction navale de défense a fait part de «sa grande déception.» (ats/jch)