A partir du 20 septembre, tous les Américains vaccinés avec Pfizer-Biontech et Moderna pourront recevoir un rappel. Cela, seulement huit mois après leur deuxième injection. Cette décision annoncée le 18 août dernier par Joe Biden, a provoqué un tollé dans le pays.
Parmi les réfractaires: la communauté scientifique internationale et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont voici les principales inquiétudes. 👇
Si de plus en plus de pays franchissent le pas d'une troisième dose, ce rappel est généralement réservé aux personnes dites «vulnérables». Israël, pas exemple, a été le premier pays à proposer une troisième piqûre à tous les gens à risque et âgés de plus de 60 ans. En France aussi, Emmanuel Macron a annoncé une troisième dose à la rentrée «pour les plus âgés et les plus fragiles». Or, l’efficacité de la pratique n’est toujours pas prouvée scientifiquement.
En l’absence de consensus solide, l’Agence américaine des médicaments et des denrées alimentaires (FDA) a d'ailleurs estimé que la mesure était «inutile» pour le moment. Elle n'a, à ce jour, toujours pas donné son feu vert.
Quelques heures avant l’annonce américaine, Soumya Swaminathan, la scientifique en chef de l’OMS alertait, elle aussi, sur la pertinence d’une telle décision. En conférence de presse, elle a expliqué: 👇
On why first doses for the unvaccinated shld be prioritized over boosters for the fully vaccinated. Also, what the world can do to improve supplies of lifesaving tools @AfricaCDC @Chikwe_I @WHO @GaviSeth @CEPIvaccines @JeremyFarrar @carlbildt @jarottingen https://t.co/LOg9wArVU2
— Soumya Swaminathan (@doctorsoumya) August 19, 2021
Pour les scientifiques, il s'agit aussi d'une question de priorité. «Au lieu d’offrir des rappels à un grand nombre de personnes, les pays riches doivent s’employer plus activement à faire vacciner le monde entier», peut-on lire dans un article publié mardi 17 août dans la revue Nature. La disponibilité mondiale des vaccins est limitée, rappelle par ailleurs l'édito.
Un avis partagé par l'OMS. Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse à Genève:
Côté chiffres, sur les quatre milliards de doses injectées dans le monde, 80% ont été distribuées aux pays riches ou à revenu moyen. Cela alors même qu’ils représentent moins de 50 % de la population mondiale, note La Croix. A l'heure actuelle, les pays les plus pauvres n’ont reçu qu’une infime partie des sérums censés leur parvenir grâce au dispositif de solidarité Covax, qui a pris beaucoup plus de temps que prévu.
Mike Ryan, directeur des urgences de l’OMS, a lui comparé une cette troisième injection à:
Cette vague de critiques n'a en rien déstabilisé le président américain. Lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision ABC News, Joe Biden a ainsi confirmé que lui et la première dame, Jill Biden, prévoyaient de se faire injecter une troisième dose dès la rentrée.
Il a déclaré qu'ils se sentaient à l'aise de le faire même si des millions de personnes dans le monde ne sont toujours pas vaccinées. Toute simplement parce que l'Amérique a «fourni plus au reste du monde que tout le reste du monde réuni».
Il a ajouté que les Etats-Unis feront don de plus de 200 millions de doses à d’autres pays. Cela, en parallèle des 100 millions de doses de rappel bientôt injectées sur leur territoire, précise le Huffpost. (hkr)