«I can't breathe» («je ne peux pas respirer»). La planète entière a déjà vu ces images. Mais à l’ouverture du procès de l’ex-policier Derek Chauvin, jugé pour le meurtre de George Floyd, le jury a enduré l’intégralité des neuf minutes et 29 secondes d’une vidéo insoutenable.
«I can't breathe», il le répète a 27 reprises. Cet Afro-Américain avait été interpellé après avoir acheté des cigarettes avec un billet contrefait. Menotté et immobilisé au sol, avec le genou de Derek Chauvin pressant sur son cou, l'homme meurt par suffocation.
Sur cet enregistrement qui a fait le tour du monde, George Floyd râle, halète, supplie, avant de perdre connaissance. Les images de son calvaire ont suscité des manifestations géantes à travers les Etats-Unis, mais aussi en Asie et en Europe.
C'est parti au procès de Derek Chauvin avec les opening arguments. Pendant 9 minutes, George Floyd a répété "Je ne peux pas respirer" à 27 reprises, commence l'avocat Jerry Blackwell en montrant cette photo (vidéo en direct sur Court TV) #ChauvinTrial https://t.co/svR7BDetjV pic.twitter.com/CZqFAMZI9E
— Philippe Berry (@ptiberry) March 29, 2021
L'avocat de Derek Chauvin a pour sa part assuré que son client avait agi conformément à sa formation. Il a demandé aux jurés de se concentrer sur les faits, loin de toute considération politique. Juste avant l'audience, la famille de George Floyd avait au contraire souligné la dimension «historique» de ce procès.
C'est «un référendum sur le chemin parcouru par l'Amérique dans sa quête d'égalité et de justice pour tous», a déclaré Ben Crump, l'avocat de la famille Floyd. «Chauvin est sur le banc des accusés, mais c'est l'Amérique qui est en procès», a renchéri le révérend Al Sharpton, un militant des droits civiques qui, avec les proches de George Floyd.
La défense a mis l’accent sur les événements qui ont précédé l’interpellation. L’avocat Eric Nelson a rappelé aux 12 jurés que le gérant de la supérette avait demandé à George Floyd de rendre les cigarettes ou de payer avec un véritable billet. Qu’il avait signalé que Floyd «avait l’air ivre» lors de son appel à la police.
Eric Nelson a promis qu’il présenterait des éléments prouvant que George Floyd a avalé de la drogue pour la dissimuler à la police. Une «speedball», un mélange de méthamphétamine et fentanyl. L’avocat insiste que George Floyd est mort, selon lui, d’une «arythmie cardiaque résultant de son hypertension due à une ingestion de ces drogues.» Le procès qui devrait durer quatre semaines, va apporter son lot de détails pour mieux comprendre les faits. (ats/ga)