Le 24 mai, un garçon de 18 ans ouvrait le feu dans l'école primaire d'Uvalde, au Texas, tuant 19 enfants âgés de 9 à 11 ans, ainsi que deux enseignantes. Si l'âge des victimes et le nombre de morts font de cette tuerie en milieu scolaire l'un des pires de ces dernières années, il ne s'agit pas d'un phénomène isolé. Au contraire.
Cette fusillade n'est en effet que la dernière d'une longue liste. Il s'agit très exactement du 24e incident impliquant des armes à feu survenu depuis le début de l'année dans les établissements scolaires américains, selon des données collectées par le Washington Post. Cela correspond en moyenne à un cas tous les six jours.
Et bien que les chiffres soient volatiles, ils laissent entrevoir une tendance à la hausse:
La courbe des victimes suit en partie cette tendance. 28 personnes ont déjà perdu la vie et 17 ont été blessées depuis le début de 2022, qui s'annonce d'ores et déjà comme une année particulièrement sanglante.
L'année en cours semble donc déjà sortir du lot. Ce n'est pas la seule, comme le montre le graphique ci-dessus. Souvent, l'explication est la même: une fusillade particulièrement meurtrière qui fait grimper le bilan annuel.
Tout comme la tuerie d'Uvalde, celles de Sandy Hook et Parkland avaient choqué l'opinion publique en raison de leur terrible bilan. Pourtant, les fusillades ne font pas toutes autant de morts. Des incidents impliquant des armes à feu surviennent presque chaque semaine dans les écoles américaines, sans qu'on en parle forcément de ce côté de l'Atlantique.
A titre d'exemple, rien qu'en mars 2022, 10 fusillades en milieu scolaire ont été recensées, pour un bilan total de quatre victimes. Cette situation est clairement illustrée dans le graphique ci-dessous, où chaque point représente une fusillade et sa position le nombre de victimes:
Ce graphique montre que, souvent, ces accrochages se soldent sans effusion de sang. Voici quelques exemples:
Ces quelques exemples montrent à quel point fusils et pistolets circulent parmi les jeunes Américains. En effet, dans les cas où la provenance de l'arme a pu être déterminée, plus de 85% des tireurs l'ont apportée de chez eux ou l'ont obtenue d'amis ou de parents, selon le Washington Post.
Et d'après une récente étude des autorités sanitaires, les armes sont même devenues la principale cause de décès chez les jeunes Américains, surpassant les accidents de la route.
Qui dit beaucoup d'armes dit également beaucoup d'accidents. Comme ce garçon d'Augusta, en Géorgie, qui a tiré sans faire exprès avec un pistolet semi-automatique en classe, blessant une camarade. Ces cas nourrissent les statistiques, mais, le plus souvent, il ne s'agit pas d'accidents: près de 6 fusillades sur 10 sont des attaques ciblées:
Ce qui nous amène au point suivant: le profil des tireurs. Le K-12 School Shooting Database, qui recense les fusillades en milieu scolaire depuis les années 1970, estime que plus de 40% des tireurs sont des élèves de l'établissement.
Autre élément troublant: l'âge des tireurs. S'agissant souvent d'élèves, ceux-ci sont, dans la plupart des cas, très jeunes. 70% d'entre eux ont moins que 18 ans, l'âge moyen est de 16 ans.
«On ne peut pas rendre les drames illégaux, je le sais. Mais on peut rendre l'Amérique plus sûre», a affirmé samedi le président Joe Biden. Uvalde a remis sur le devant de la scène le problème des tueries dans les écoles américaines. Tout comme Parkland, Sandy Hook et beaucoup d'autres auparavant. Les choses vont-elles changer, un jour? Au vu des chiffres de ces vingt dernières années, rien n'est moins sûr.