Samedi soir, le président-candidat a sorti son plus beau smoking et ses plus francs soutiens, dans l'espoir de gonfler son trésor de guerre pour sa campagne. A Los Angeles, Barack Obama, Julia Roberts, George Clooney ou encore Barbra Streisand se sont ainsi succédé sur scène pour habiller Joe Biden d'un large voile de louanges, entre paillettes et avertissements politiques contre le «danger Donald Trump».
BREAKING: Jack Black just delivered the strongest endorsement of President Biden this cycle and in the process he absolutely demolishes Donald Trump. Retweet so all Americans see this. pic.twitter.com/amMgPMEmq6
— Biden’s Wins (@BidensWins) June 16, 2024
En 2024, Joe Biden peut encore compter sur des convives prestigieux, mais surtout des parrains de longue date. A l'instar de Robert De Niro qui, il y a deux semaines, organisait une conférence de presse sauvage devant le tribunal de Manhattan, pour traiter Trump de «clown». Des géants du divertissement, historiquement démocrates, qui n'ont plus vingt ans et donc... plus grand-chose à prouver ou à perdre.
Puisque la perspective d'une revanche finale Biden-Trump ne fait plus bander personne aux Etats-Unis, le président ne fait pas non plus l'unanimité dans le vivier des célébrités autrefois de son côté. Récemment, dans Rolling Stone, Cardi B avouait ressentir «des couches et des couches de déception» face au bilan du gouvernement Biden, tout en décrivant la présidence de Trump comme «une menace majeure».
Pour enfoncer le clou, la rappeuse dit ne pas aimer l'idée que le candidat de 81 ans enfile «une cape de super-héros», pour aider uniquement les pays qui lui seront «utiles et redevables plus tard».
Même déception musclée du côté de l'acteur Dwayne «The Rock» Johnson, qui ne votera ni Biden, ni Trump en 2024: «Suis-je satisfait de l’état de l’Amérique en ce moment? Eh bien, cette réponse est non. Est-ce que je crois que nous allons aller vers le mieux? J'y crois, je suis un gars optimiste. Mais cette division du pays est catastrophique», a-t-il indiqué à Fox News, début avril. «The Rock» et Cardi B furent pourtant de bruyants alliés en 2020, lorsqu'il s'agissait de couper la route à Donald Trump.
Et il ne sont pas les seuls à retourner leur veste. Le réalisateur Oliver Stone (Tueurs Nés, Wall Street...) et l'acteur Michael Rapaport (le flic qui sort avec Phoebe dans Friends) ont déjà annoncé qu'ils n'offriraient plus leur voix au président sortant, après avoir voté pour lui en 2020. Rapaport, au lendemain de l'annonce d'une nouvelle promesse d'armes à Israël, s'était montré extrêmement en colère, au point d'envisager de changer de camp.
NEW: Michael Rapaport, who often goes viral for his vile takes against Trump, suggests he will vote for Trump over Biden in the 2024 election because “we need to get this whole situation under control.”
— X Posterity (@NewXPosterity) November 17, 2023
What is going on?
“If it comes down to Pig D*ck Donald Trump and smoking… pic.twitter.com/xNCCbs3DvJ
Steven Spielberg soutient financièrement (et très discrètement) la campagne démocrate, tout comme le couple Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones, qui ont organisé une collecte de fonds pour Biden en mai dernier». D'autres alliés historiques sont déjà dans les starting-blocks, comme Eva Longoria, prête à battre le pavé en sa faveur en Arizona, un «swing state», histoire de motiver l'électorat latino.
Quant aux autres, il faudra sans doute attendre l'automne pour savoir s'ils oseront sortir du bois. Oser? Oui. Dans un pays aussi divisé et à fleur de peau, dévoiler des consignes de vote peut désormais s’avérer risqué.
Prenez Mariah Carey, pour ne citer qu'elle. En décembre 2023, elle avait foulé le sol de la Maison-Blanche avec ses gamins, pour y décorer le sapin présidentiel. En retour, Madame Noël s'était ramassé un torrent d'insultes sur les réseaux sociaux, pour avoir fricoté avec «celui qui contribue au génocide à Gaza». Le conflit au Moyen-Orient est le frein majeur au manque de soutiens spontanés chez les personnalités plus jeunes. Un électorat pourtant crucial pour le démocrate.
Si Zendaya a été épinglée pour son «silence» sur Gaza, Billie Eilish milite «pour un cessez-le-feu». Autant de happy few que l'équipe du candidat démocrate rêverait d'avoir à ses côtés pour muscler la communication d'un cheval en manque de popularité. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas gagné.
Alors que Taylor Swift avait clairement appelé à voter Biden en 2020, son franc soutien en 2024 se fait encore attendre. En revanche, chez les Swifties françaises, on n'a pas attendu l'avis de la patronne sur Jordan Bardella pour soutenir publiquement le Nouveau Front Populaire, à moins de deux semaines d'élections législatives provoquées par Macron et le succès de l'extrême droite aux européennes.
Une preuve de plus qu'il est peut-être encore trop tôt pour que les baby-stars s'inquiètent du sort de leur pays?
De l'autre côté du duel, le festival de soutiens VIP est moins glamour, moins féminin, mais beaucoup plus décomplexé. Même s'il est très compliqué de savoir pourquoi ça roule pour Donald Trump, entre provocation et sincère militantisme, les mâles ont le pied sur l'accélérateur.
Du chanteur Kid Rock, à l'acteur Jon Voight, en passant par Jake et Logan Paul, la drag queen Lady MAGA et bien sûr Kanye West, on veut Make America Great Again à haute voix.
Bien sûr, entre Trump et la colline du cinéma, c'est l'amour-haine qui a longtemps prévalu. Si ses apparitions dans des films et le succès de la télé-réalité The Apprentice ont prouvé qu'il rêvait de faire partie de cette grande famille, le milliardaire considère aussi que c'est le repère du «wokisme». Une guerre qui s'est cristallisée il y a huit ans, autour de son étoile sur Hollywood Boulevard.
Détruite en 2016, puis modifiée, vandalisée ou moquée au fil de son mandat, cette étoile a été remise en cause par le conseil d'Hollywood en 2018, votant à l'unanimité pour son retrait. Alors qu'en 2023, une pétition exigeait la même chose, la ville de Los Angeles ne sait pas encore comment s'emparer du problème dans les règles de l'art.
Si Donald Trump semble s'agacer du soutien de Taylor Swift, «la fille de l'Amérique», «l'ex-reine de la country», aux idées progressistes, il sait pourtant qu'il doit désormais chasser ailleurs que dans le mainstream. C'est la raison pour laquelle il ne se passe pas une semaine sans que le candidat républicain ne se montre avec des provocateurs d'extrême droite et des ex-stars en disgrâce, que ce soit au micro de puissants podcasts ou autour d'un ring de l'UFC.
Il y enfin les «ni plus ni moins bien au contraire», dont on ignore les réelles intentions de vote en 2024. Si Chuck Norris compare Trump à Viktor Orbán, dont il se dit «le plus grand fan», Jean-Claude Van Damme n'a pas encore annoncé vouloir le terrasser à mains nues. Souvenez-vous en 2017, lorsque l'acteur belge lui lançait ces étranges lauriers:
De son côté, Joe Biden a encore du boulot jusqu'en novembre, s'il veut ajouter des paillettes sincères et crédibles dans sa campagne. A ce sujet, on attend toujours un signe de JLo, Tom Hanks ou DiCaprio.
Rendez-vous en septembre?