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Le Canada cède, Zelensky s'énerve: la polémique de la turbine russe

Le Canada cède, Zelensky s'énerve: la polémique de la turbine russe en 5 points

Le Canada a décidé, samedi, de restituer à l'Allemagne une turbine destinée au gazoduc russe Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie. Kiev n'a pas apprécié.
12.07.2022, 19:1513.07.2022, 06:39
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Dimanche, le Canada a annoncé qu'il renvoyait en Russie une turbine du gazoduc Nord Stream 1. Celle-ci était auparavant entretenue dans le pays nord-américain. Le Canada fait l'objet de vives critiques de la part de l'Ukraine, tandis que l'Occident soutient les projets du gouvernement de Justin Trudeau.

Pourquoi cette turbine est-elle si importante?

La turbine fait partie du gazoduc Nord Stream 1, qui achemine le gaz de Russie vers l'Allemagne. Elle a dû être transportée au Canada pour des raisons de maintenance. Il a ensuite été longtemps difficile de savoir si elle serait renvoyée en Russie à cause des sanctions.

Les livraisons de gaz par le biais du gazoduc vers l'Europe ont été réduites en juin. Selon le Guardian, seuls 40% de la quantité habituelle a été livrée. La Russie a invoqué des travaux de maintenance. Le Kremlin a déclaré vendredi que les livraisons pourraient à nouveau être augmentées si la turbine était renvoyée du Canada. L'Allemagne a également insisté à plusieurs reprises pour que les livraisons soient effectuées.

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Le gouvernement canadien de Justin Trudeau a cédé aux exigences de l'Allemagne et de la Russie.image: keystone

Pourquoi le Canada a-t-il décidé de renvoyer la turbine?

Le gouvernement canadien a finalement accédé à cette demande. Dimanche, le ministre canadien Jonathan Wilkinson a annoncé que Siemens Canada, qui était responsable de l'entretien de la turbine, avait reçu une «autorisation temporaire et révocable» de la renvoyer.

Wilkinson a donné comme raison la forte dépendance de l'Allemagne au gaz russe. L'Allemagne risquerait sinon de ne plus pouvoir se chauffer en hiver, a-t-il expliqué.

Dans le même temps, il a précisé dans sa déclaration que la décision n'avait pas été prise en faveur de la Russie et contre l'Ukraine. «Le Canada soutient l'Ukraine face à l'invasion brutale et non provoquée de la Russie et continuera à travailler de manière coordonnée avec ses alliés», peut-on lire sur Twitter.

Comment l'Ukraine a-t-elle réagi?

L'Ukraine a vivement protesté contre la décision canadienne. En réaction à cette «exception inacceptable au régime de sanctions contre la Russie», l'ambassadeur canadien a été convoqué, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi soir sur la messagerie Telegram.

In this photo provided by the Ukrainian Presidential Press Office on Friday, July 8, 2022, Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, attends a meeting with military officials during his visit the war-h ...
Volodymyr Zelensky a vivement critiqué la décision du Canada.image: keystone

Ce processus est considéré par Moscou comme un signe de faiblesse, a déclaré le président ukrainien. Il ne fait aucun doute que la Russie ne veut pas seulement réduire autant que possible les livraisons de gaz en Europe. Elle veut fermer complètement le robinet, et ce au moment le plus douloureux.

Dans son message vidéo quotidien, Zelensky a évoqué la décision du Canada:

«Si un Etat terroriste peut imposer une telle exception aux sanctions, quelles exceptions voudra-t-il demain ou après-demain? Cette question est très dangereuse, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour tous les pays du monde démocratique.»

Toute concession est perçue par les dirigeants russes comme une incitation à exercer une pression supplémentaire et plus forte, a souligné Zelensky. «La Russie n'a jamais respecté les règles dans le secteur de l'énergie et ne le fera pas non plus maintenant, à moins qu'elle ne voie la force qui lui est opposée.»

Qu'en pensent les autres pays occidentaux?

Sans surprise, l'Allemagne s'est montrée satisfaite de la décision du gouvernement canadien. «Nous saluons la décision de nos amis et alliés canadiens», a fait savoir Olaf Scholz.

epa10059569 German Chancellor Olaf Scholz speaks during a press conference after the Munich High-Level Economic Talks in Munich, Germany, 08 July 2022. The talks are a high level conference with repre ...
Olaf Scholz est satisfait de la livraison de la turbine.image: keystone

Le gouvernement canadien a également reçu le soutien des Etats-Unis. «Nous soutenons la décision de rendre la turbine», a affirmé le porte-parole Ned Price. Cela permettrait à l'Allemagne et à d'autres pays européens de reconstituer leurs stocks. «C'est une façon de contrer les efforts de la Russie pour utiliser l'approvisionnement énergétique comme une arme.»

Qu'en est-il à présent des livraisons de gaz?

Malgré le retour de la turbine, il n'y aura temporairement pas de livraison de gaz via Nord Stream, mais cela est clair depuis longtemps. La Russie a récemment annoncé que le gazoduc devait cesser ses livraisons en raison de travaux de maintenance.

Selon le Kremlin, une plus grande quantité de gaz devrait ensuite à nouveau pouvoir être livrée en Allemagne. Mais beaucoup d'Allemands sont sceptiques quant à la réalité de ces livraisons. «La Russie n'approvisionne désormais l'Allemagne que par le biais du gazoduc Transgas qui traverse l'Ukraine», a annoncé le président de l'Agence fédérale des réseaux, Klaus Müller, au Redaktionsnetzwerk Deutschland. Il a ajouté que:

«Le gouvernement de Moscou pourrait à tout moment augmenter les quantités livrées via l'Ukraine afin de remplir ses obligations contractuelles. Mais Vladimir Poutine n'a manifestement pas la volonté politique de le faire.»

Si la turbine entretenue était réinstallée d'ici la fin de la maintenance de Nord Stream le 21 juillet, «la Russie n'aurait plus d'arguments pour continuer à réduire les quantités de gaz livrées».

Le ministre de l'économie Robert Habeck a lui aussi régulièrement exprimé des doutes quant à la reprise effective des livraisons de gaz par la Russie. «Il se peut qu'il y ait à nouveau plus de gaz, même plus qu'avant», a-t-il insisté, «mais il se peut aussi qu'il n'y ait plus rien du tout». Il faut donc se préparer au pire, a-t-il ajouté. Malgré les doutes, il s'était pourtant lui aussi engagé pour une livraison de la turbine. Il avait déclaré:

«Je suis le premier à me battre pour un nouveau train de sanctions européennes fortes, mais des sanctions fortes signifient qu'elles doivent faire plus de mal à la Russie et à Poutine qu'à notre économie. C'est pourquoi je vous demande de comprendre que nous devons enlever à Poutine cette excuse de la turbine.»

(dab)

Pour l'instant, le régime de Poutine s'en fiche de mes vidéos YouTube»
Video: watson
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