Avant de monter dans l'avion en direction de Skopje, Ignazio Cassis a lancé un appel au réveil: il s'agit maintenant de «maintenir les valeurs et les principes de l'OSCE et que l'organisation reste capable d'agir», a déclaré le ministre suisse des Affaires étrangères à propos de la réunion ministérielle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dans la capitale du nord de la Macédoine. Car une chose est claire: depuis l'invasion russe de l'Ukraine, il y a bientôt deux ans, la plate-forme de dialogue fondée pendant la guerre froide traverse une crise existentielle.
La raison en est la Russie qui, avec sa guerre contraire au droit international, ne foule pas seulement aux pieds l'acte final de l'OSCE, mais bloque également l'organisation en interne avec son droit de veto. Après que la Russie a torpillé la présidence de l'OSCE prévue par l'Estonie pour 2024, on a certes pu se mettre d'accord en début de semaine, à grand-peine, sur le successeur de Malte. La Russie a toutefois empêché, jusqu'à présent, la prise de décisions importantes en matière de personnel et de budget.
Russia’s military aggression against 🇺🇦 has shaken up the fundamental #principles of the Helsinki Final Act.#ItMustStop
— Ignazio Cassis (@ignaziocassis) November 30, 2023
For the #OSCE to play a role in European #peace & #stability, we need to maintain its capacity to act & preserve its instruments.
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La secrétaire générale de l'OSCE, Helga Schmid, a mis en garde contre la menace d'un manque d'argent et a déclaré que l'organisation n'avait pu être sauvée de la faillite cette année que grâce aux dons des Etats membres. Selon la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, il s'agit pour la Russie de «détruire» l'OSCE et avec elle les efforts pour un ordre pacifique en Europe. On ne peut pas laisser faire cela.
Le fait que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participe à la rencontre alors qu'il figure sur la liste des sanctions internationales a également suscité la colère. L'année dernière, la Pologne lui avait encore refusé sa participation. La Macédoine du Nord a, toutefois, laissé entrer le chef de la diplomatie de Poutine. Les ministres des Affaires étrangères des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) et de l'Ukraine ont vivement critiqué cette décision et boycotté la rencontre, craignant notamment que Lavrov n'abuse de sa présence à des fins de propagande.
Et c'est ce qui s'est passé: dans son discours de jeudi, Lavrov s'est emporté contre l'Occident, l'Otan et le «régime néonazi» de Kiev. Selon lui, l'OSCE est devenue un «appendice de l'Otan et de l'UE» et se trouve «au bord du gouffre». La faute en revient uniquement à «l'élite politique occidentale» qui aurait opté pour l'élargissement à l'Est de l'Otan et contre l'OSCE.
Plusieurs délégués ont quitté la salle lors du discours de Lavrov, tandis que le Russe lui-même n'était pas présent lors du discours des représentants occidentaux. Alors que le ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'était fait photographier avec Lavrov lors de l'Assemblée générale de l'ONU l'an dernier, il n'y a pas eu de photo de poignée de main cette année.
Par le passé, la Suisse a toujours accordé une grande importance à l'OSCE. L'ancien ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter, en particulier, s'est fortement engagé lors de la présidence suisse de l'OSCE en 2014. Ce mandat a été marqué par les conséquences du soulèvement de Maïdan, en Ukraine, et de l'annexion de la Crimée par la Russie.
Burkhalter a rencontré personnellement le président russe Vladimir Poutine à deux reprises durant cette période. Le grand diplomate suisse Thomas Greminger a également joué un rôle important dans la mise en place d'une mission de l'OSCE chargée d'observer le respect des accords de Minsk le long de la ligne de contact dans l'est de l'Ukraine. A partir de 2017, Greminger a ensuite occupé, pendant trois ans, le poste de secrétaire général de l'OSCE et a tenté de faire office de médiateur entre la Russie et l'Ukraine.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)