Depuis jeudi, on ne trouve plus de réfugiés transis de froid, vêtus de vêtements légers et de baskets, dans les forêts de la région frontalière entre la Finlande et la Russie. Alors que les températures avoisinent les -30 degrés, la Finlande a décidé de fermer son dernier poste-frontière encore ouvert, tout au nord de la Laponie.
Le gouvernement veut ainsi éviter que d'autres demandeurs d'asile soient amenés par la police russe à la frontière de l'Union européenne (UE) et de l'espace Schengen. Ces dernières semaines, près d'un millier de personnes en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique sont entrées en Finlande par les postes-frontières.
Le Premier ministre Petteri Orpo a déclaré que son gouvernement souhaitait mettre fin à l'instrumentalisation des réfugiés par la Russie. Une fermeture complète de la frontière est donc nécessaire, selon lui. L'homme d'Etat a souligné que la mesure était pour l'instant valable jusqu'au 13 décembre, et qu'il était toujours possible de déposer des demandes d'asile en arrivant par voie aérienne ou maritime.
Le conservateur réagit ainsi aux critiques du ministère de la Justice finlandais, qui avait déclaré qu'un blocage permanent de la frontière n'était pas admissible. Des experts des droits de l'Homme ont en outre reproché au gouvernement une réaction excessive; le droit d'asile doit rester garanti.
La ministre de l'Intérieur Mari Rantanen a déclaré que le problème n'est pas le nombre de réfugiés, mais le fait que le Kremlin les dirige vers la Finlande.
Elle fait référence à des informations des services de renseignement selon lesquelles la Russie enverrait volontairement un grand nombre de réfugiés en direction de la Finlande.
Ces derniers jours, l'armée finlandaise a accéléré l'extension d'une haute clôture à la frontière afin de lutter contre l'immigration illégale. En outre, Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, a envoyé en Finlande 50 collaborateurs d'Europe du Sud ainsi qu'un véhicule spécial équipé de caméras thermiques. L'UE craint des situations similaires à la frontière avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, où la Biélorussie a conduit des milliers de réfugiés depuis 2021.
En Suède aussi, on craint que la Russie n'utilise les réfugiés comme une arme humaine pour semer le trouble. Le Kremlin n'a cessé de menacer de se venger face à la volonté de la Suède d'adhérer à l'Otan.
L'armée suédoise s'attend donc à une augmentation de l'espionnage et de la guerre hybride comme les cyberattaques, mais peut-être aussi à l'arrivée de réfugiés par la mer, comme l'a déclaré le chef d'état-major des forces armées, Michael Claesson. Ils pourraient par exemple venir en bateau par l'enclave russe de Kaliningrad, en mer Baltique, et tenter d'entrer en Suède.
Parallèlement, la Joint Expeditionary Force (JEF) – une alliance de défense dirigée par le Royaume-Uni et composée de dix pays d'Europe du Nord et des pays baltes membres de l'Otan, ainsi que la Suède – réagit à la détérioration de la situation en matière de sécurité.
A partir de décembre, elle entrera pour la première fois en action et patrouillera dans la mer Baltique et la mer du Nord avec vingt navires de guerre ainsi que des avions. L'objectif principal est de surveiller les pipelines, les câbles de données et les infrastructures énergétiques.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder