L’acteur légendaire Gene Hackman, 95 ans, et son épouse, la pianiste classique Betsy Arakawa, ont été retrouvés sans vie mercredi après-midi dans leur maison de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, en compagnie de leur chien. Le shérif du comté, Adan Mendoza, a confirmé leur décès, précisant qu’aucun signe de crime n’avait été relevé à ce stade. La cause et l’heure exacte des décès n’ont pas été communiquées.
Né le 30 janvier 1930 à San Bernardino, en Californie, Gene Hackman était une icône du cinéma américain, saluée pour son incroyable polyvalence. Double lauréat des Oscars, il avait remporté la prestigieuse statuette en 1972 pour son rôle principal dans French Connection, puis en 1993 en tant que second rôle dans Impitoyable, chef-d’œuvre de Clint Eastwood.
Gene Hackman s’était installé à Santa Fe dans les années 1980, où il menait une vie paisible aux côtés de Betsy Arakawa, qu’il avait épousée en 1991. Après plus de 100 films, il avait pris sa retraite en 2004, préférant se consacrer à l’écriture et à la peinture. Il a coécrit plusieurs romans d’aventure et de suspense, considérant l’écriture comme moins stressante que le cinéma.
Lorsque Gene Hackman se lance dans le métier au début des années 1970, l'Amérique se cherche. Vietnam, premier choc pétrolier et scandale du Watergate: les Etats-Unis ne vont pas fort et Hollywood en profite. De jeunes réalisateurs, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese ou Dennis Hopper se lancent comme auteurs et osent affronter la toute-puissance des studios.
Du pain bénit pour Gene Hackman, qui peut d'autant mieux se permettre de bousculer quelques clichés que le «rêve américain» lui est passé sous le nez après sa naissance le 30 janvier 1930.
Sur CNN, il expliquait en 2004 que son père avait quitté le domicile familial de l'Illinois (nord) lorsqu'il avait 13 ans. A 16 ans, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Gene Hackman s'engage chez les Marines. Manque de chance, «l'autorité ne me réussit pas. Je n'étais pas un bon Marine», confie-t-il dans l'une de ses rares interviews accordée au journaliste vedette de la chaîne américaine, Larry King.
Reste le théâtre, la vie de bohème. Quelques cours à la Pasadena Playhouse, une prestigieuse école de Californie, un aller simple pour New York et voilà Gene Hackman, celui auquel de son propre aveu les professeurs prédisaient une piètre carrière, propulsé à Broadway.
A l'époque, il arbore déjà moustache, rondeurs et calvitie, ses trois signes distinctifs. A l'orée de la quarantaine, coup de chance, Arthur Penn l'engage en 1967 pour Bonnie et Clyde. Le «nouvel Hollywood» est sur les rails, tout comme la carrière de Gene Hackman. Encore que «carrière» soit sans doute un peu fort pour un homme qui voit le métier d'acteur... comme un simple métier.
«Bonnie and Clyde, c'était juste un job, merveilleux, oui, mais un simple boulot», expliquait-il au magazine français L'Express en 2000. Très loin du Hollywood stardom, des palmiers et du soleil de la Californie, Gene Hackman réussit le tour de force de s'installer dans le paysage cinématographique américain avec un film qui se passe à New York, en plein hiver, qui parle de drogue, de violence, de dépression urbaine.
French connection de William Friedkin, où il campe le légendaire flic Jimmy «Popeye» Doyle, l'installe définitivement dans le paysage du «nouvel Hollywood». Pas de moustache pour French connection, mais un Oscar du meilleur acteur en 1971.
Ironie de l'histoire, c'est Robert Mitchum auquel le rôle aurait dû aller, racontait Gene Hackman à Larry King. Comme quoi, la mine débonnaire, les costumes élimés et le galurin cabossé ont parfois du bon... Gene Hackman joue alors sous la direction de Francis Ford Coppola (Conversation secrète), donne la réplique à Christopher Reeve dans Superman en 1978 et, surtout, joue le vagabond avec Al Pacino dans le méconnu L'Epouvantail, un film dont Gene Hackman disait qu'il était le préféré de toute sa carrière.
Il gagnera un second Oscar, celui du meilleur second rôle, dans «Impitoyable» de Clint Eastwood, où il campe un ancien tueur devenu shérif d'une petite ville du Wyoming.Discret, Gene Hackman n'accordait que peu d'entretiens à la presse et fréquentait encore moins le monde en vase clos d'Hollywood. "A Hollywood, tout tourne autour du cinéma: les conversations, les gens que l'on voit, la vie de tous les jours. C'est totalement narcissique. On finit par oublier pourquoi on fait ce métier", disait-il à L'Express.Conséquent avec lui-même et avec sa conception du métier d'acteur, Gene Hackman avait annoncé en 2008 sa "retraite" des plateaux de cinéma.
(jah avec afp)