Depuis plusieurs jours, les Français se ruent sur les stations-service du pays, en proie à une véritable pénurie d'essence. A tel point qu'actuellement, une station sur trois connaît des difficultés d’approvisionnement sur au moins un type de carburant.
Bien que le spectre de la pénurie soit régulièrement brandi depuis le début du conflit ukrainien, la situation en France n'est pas liée aux hostilités en cours dans l'est de l'Europe. Elle s'explique par deux facteurs concomitants, explique RTL:
Début septembre, le géant pétrolier TotalEnergies - qui gère près d’une station-service de France sur trois - avait annoncé une baisse de 20 centimes par litre, limitée jusqu'à début novembre. A cela s'ajoute une deuxième remise du gouvernement qui a porté la baisse effective à 50 centimes le litre.
Certains se sont donc précipité pour aller faire le plein avant la baisse de la réduction. Résultat: la fréquentation a bondi de 30 à 40%.
De plus, une grève déclenchée le 27 septembre ralentit plusieurs grandes raffineries du pays, à l'image de celle de Normandie, qui distribue 22% du carburant en France, ou encore celle de Dunkerque. La raffinerie de Feyzin (Rhône) est également à l'arrêt en raison d'un accident technique.
Deux sites de l'américain Esso-ExxonMobil en Normandie et à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhone) sont également à l'arrêt.
Des difficultés d’approvisionnement se font donc sentir sur tout le territoire et les files d’attente ne cessent de s’allonger devant les stations-service.
Les préfectures de plusieurs départements ont pris des mesures visant à restreindre la vente des carburants. Le Val-d’Oise et la Seine-Saint-Denis ont, par exemple, interdit le remplissage des jerricans.
Toutes les régions ne sont pourtant pas touchées de la même manière. Une carte interactive partagée par Le Monde montre que la situation est particulièrement grave dans l'agglomération parisienne, ainsi que dans l'est et le sud-est.
Plus largement, cette pénurie met en lumière un pays coupé en deux, rapporte le Parisien. Dans les zones rurales, jusqu'à 70% des Français affirment ne pas avoir accès à un transport public. Toute cette partie du pays se retrouve donc bloquée, sans la moindre possibilité de reporter ses déplacements sur un autre mode de transport.
La première ministre Elisabeth Borne a assuré ce dimanche que les tensions allaient «s’améliorer tout au long de la semaine», grâce à l’arrivée progressive de livraisons issues des «stocks stratégiques» français.
Pas sûr que cela suffise. A la surprise générale, le mouvement de grève a de nouveau été reconduit ce lundi, et même étendu à quinze stations-service autoroutières du réseau Argedis, filiale de TotalEnergies. Comme cette dernière ne veut pas céder, la pénurie devrait donc perdurer. (asi)