Dans les annales de la politique française, Anne Hidalgo restera un punching-ball évident, un défouloir de la République. Quoiqu'elle fasse, dise ou pense, la maire de Paris sera toujours moquée. De ses 1,74% à l'élection présidentielle de 2022 à l'endurant hashtag #SaccageParis qui épingle (et exagère) l'insalubrité de la capitale, tout y passe.
Sans oublier la presse française qui n'en rate pas une quand il s'agit de railler ses faits, ses gestes, sa politique. En 2017, Le Figaro avait fait s'étrangler les socialistes avec un dossier baptisé «les folies de la reine des bobos».
Mais il faut aussi avouer qu'Anne Hidalgo n'est pas tout à fait sa meilleure alliée. Il suffit souvent d'une caméra qui traîne dans ses parages pour qu'elle dérape, fourche, trébuche... toute seule. Récemment, face au célèbre boxeur Vladimir Klitschko, qui représentait son frère, maire de Kiev, elle avait dévoilé son anglais très moyen.
Mercredi, au Conseil de Paris, la maire PS a de nouveau été flashée en excès de vitesse rhétorique. Alors que Les Républicains s'occupaient à critiquer son bilan et ses actions, un élu est allé piocher dans la mythologie grecque pour porter le coup de grâce. C'est du moins ce que croyait David Alphand, au moment d'armer sa réplique:
Du tac au tac, manifestement bien décidée à ne pas finir au tapis pour une vanne, Anne Hidalgo a offert une série de petits ricanements avant de lâcher une réponse qui laissera l'assemblée municipale un poil circonspecte.
L'assemblée pouffe, un peu de brouhaha émerge du fond de la salle et des applaudissements (forcément) de l'aile gauche s'échappent des micros d'ambiance. Vous le savez certainement, Midas est aussi un célèbre garage automobile, spécialisé dans le pot d'échappement et la réparation rapide. D'origine américaine, le groupe est actuellement aux mains du Français Mobivia, qui possède aussi Norauto.
(Comme ça vous savez tout.)
Manifestement requinquée par sa propre prestation, la maire de Paris en rajoutera une couche.
Sur les réseaux sociaux, ça crie à «l'inculture» et au «naufrage intellectuel», considérant qu'Anne Hidalgo a pris un roi pour un vulgaire pot d'échappement, supposant qu'elle n'y connait rien à la mythologie grecque. «Et dire que nous sommes dirigés par des ignares!», lit-on même sur X, pour ce flagrant délit de «bêtise».
Mais la maire de Paris est-elle véritablement coupable de ce qu'on lui reproche? N'a-t-elle pas voulu faire de l'humour, en drainant elle-même les deux Midas au cœur de la passe d'armes? En répondant qu'elle ne sait «pas du tout à quelle référence de Midas vous faites (allusion)», Hidalgo semble admettre qu'il existe plusieurs références.
Il est même tout à fait probable qu'elle ait voulu envoyer bouler le roi, en couronnant un bête garage, dans l'espoir de ridiculiser la fronde mythologique de l'élu LR David Alphand. Funfact: Alphand est un fervent défenseur de la bagnole dans les rues de Paris. Son dernier combat médiatisé? Juger «farfelu» l'idée de vider la capitale de son dense trafic pour les JO 2024.
Qu'importe, l'élue n'aura sans doute jamais droit au trait d'humour. Face à elle, invariablement, sarcasme et moqueries. Autant de Momos autoproclamés, qui oublient certainement que dans l'organigramme politique parisien, Anne Hidalgo est toujours une divinité olympienne.