Le gouvernement français a fait face à son premier test d'envergure jeudi, avec grèves et manifestations partout en France pour des hausses de salaires et contre la réforme annoncée des retraites, cruciale pour Emmanuel Macron qui veut un projet de loi adopté «avant la fin de l'hiver».
Le président français, qui entend préserver sa capacité à réformer le pays, n'exclut pas de dissoudre l'Assemblée nationale en cas de vote d'une motion de censure contre le gouvernement, a prévenu jeudi le ministre français du Travail Olivier Dussopt:
Il y a eu «plus de 250 000» participants dans près de 200 manifestations à travers la France, selon la Confédération générale du travail (CGT).
Le ministère de l'Intérieur a de son côté dénombré 118 500 manifestants pour 179 rassemblements (contre 30 800 en janvier et 89 000 en janvier).
A Paris, quelque 40 000 manifestants ont marché, selon les organisateurs, de Denfert-Rochereau à Bastille, derrière une banderole proclamant: «Augmentation des salaires, minima sociaux, bourses et retraites, il est urgent d'agir!».
La Confédération française démocratique du travail (CFDT) qui, comme Force ouvrière (FO), ne participait pas à la journée de mobilisation, a indiqué qu'elle «s'engagera(it) dans les discussions» et réclame «loyauté et transparence».
Le gouvernement va ouvrir un nouveau cycle de concertations autour de la réforme des retraites, dans la perspective d'adopter un projet de loi «avant la fin de l'hiver», avait annoncé la première ministre Elisabeth Borne à l'AFP, après une réunion mercredi soir à l'Elysée avec la majorité.
Emmanuel Macron, élu en 2017, s'est engagé à réformer les retraites en France après une première tentative avortée au cours de son premier mandat en raison de la crise du Covid.
Mais le président centriste libéral a perdu la majorité absolue des députés en juin après sa réélection, ce qui complique sa tâche pour faire adopter des lois au Parlement.
Alors que les déficits s'aggravent et que la dette publique atteint des sommets, en raison notamment de l'inflation et du soutien public en faveur du pouvoir d'achat des Français, le président, âgé de 44 ans, affirme que le relèvement de l'âge de la retraite et le recul du chômage sont les seuls moyens pour l'Etat d'augmenter ses revenus sans augmenter les impôts.
Son gouvernement a approuvé des augmentations de salaire pour les fonctionnaires et les enseignants et mis en place l'un des filets de sécurité anti-inflation les plus généreux en Europe, qui a plafonné les prix de l'énergie pour les ménages et contenu l'inflation.
Mais son insistance à relever l'âge de la retraite se heurte au rejet des syndicats et de l'opposition de gauche et reste largement impopulaire dans le pays.
Quant à participer aux concertations prévues par l'exécutif dès la semaine prochaine, «si c'est pour nous dire qu'on discute de l'allongement de l'âge de la retraite, on n'ira pas longtemps», a-t-il averti. (ats/jch)