Malgré un surcoût pouvant atteindre 1,3 milliard de francs, le Conseil fédéral reste sur sa ligne: la Suisse achètera le F-35. Le ministre de la Défense, Martin Pfister, juge cet achat «incontournable». Selon son département, sans cet avion, l’espace aérien suisse ne pourra plus être protégé à partir de 2032, date à laquelle la flotte actuelle de F/A-18 aura atteint sa limite d’utilisation.
Pour le Conseil fédéral, il est irréaliste de relancer une procédure d’achat et d’évaluer d’autres avions. Martin Pfister souligne qu’un tel processus durerait environ trois ans, entre appel d’offres, évaluation et décision politique. Cela compromettrait le calendrier prévu pour remplacer les F/A-18.
Mais au sein même de la Commission de sécurité du Conseil national, les voix critiques à propos de l’achat du F-35 présenté comme «sans alternative» se multiplient.
Lors d’une séance extraordinaire de cette dernière, le 2 juillet 2025, Peter Merz, chef de l’armée de l’air (57 ans), aurait admis, selon plusieurs membres, que la flotte de F/A-18 pourrait être prolongée «sans problème» de quelques années. Une telle pratique n’est pas rare et existe aussi dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis, rapporte Blick.
La Commission estime qu’un budget de 800 millions à 1 milliard de francs suffirait pour prolonger la flotte de F/A-18 d’environ 1000 heures de vol. Cela permettrait de les utiliser jusqu’en 2035, voire 2037. Selon plusieurs membres de la commission, cela donnerait le temps d’examiner de façon approfondie des alternatives européennes au F-35, écrit Blick.
L’un des membres estime: «On aurait largement le temps d’examiner une alternative européenne.» Les critiques contre la position du Conseil fédéral grandissent aussi dans le débat politique. Une élue versée dans les thématiques de sécurité l'assure:
Un autre membre confie à Blick: «Ça m’énerve quand le Conseil fédéral dit que le F-35 est incontournable. Puis, on découvre que ce n’est pas vrai. Comme pour le prix fixe: que peut-on encore croire?»
Malgré des doutes croissants sur la fiabilité des contrats d’armement avec Washington, le Conseil fédéral maintient l’achat du F-35. Le Pentagone vient de repousser la livraison des systèmes Patriot commandés, expliquant que, compte tenu de la situation mondiale, l’Ukraine passait en priorité.
Dans les cercles spécialisés en sécurité, la ligne du Conseil fédéral est de plus en plus critiquée. «Il semble vouloir sauver la face et s’accroche obstinément au plan A», confie un élu à Blick. Pour ses détracteurs, il serait temps de revoir la stratégie, y compris en envisageant des alternatives européennes.
(les)