Sur le papier, le Rassemblement national (RN), parti de Marine Le Pen, défend le principe de la priorité nationale. En réalité, il ne défend pas seulement des points de vue et des thèses françaises, mais aussi ceux d'un autre pays. Un nouveau rapport d'enquête de l'Assemblée nationale conclut que le parti sympathise avec les dirigeants de l'Etat russe. Il serait même la «courroie de transmission» du régime de Vladimir Poutine à Paris.
L'«alignement sur le discours russe» au détriment des positions françaises est devenu flagrant en 2014, écrivent les auteurs du document. A l'époque, Le Pen avait omis toute critique de l'annexion de la Crimée par la Russie, contraire au droit international.
Il est frappant de constater que quelques mois auparavant, le RN avait obtenu un crédit de 9,4 millions d'euros de la First Czech Russian Bank. Cet établissement financier est dans la sphère d'influence de Poutine.
Lors d'une audition de plusieurs heures devant la commission parlementaire, Marine Le Pen avait nié que ce crédit ait été lié à un quelconque engagement politique. La fondatrice du RN avait elle-même demandé la mise en place d'une commission d'enquête pour désamorcer les accusations de comportement russophile qui circulent depuis longtemps.
Lors de l'audition, elle a déclaré que Poutine avait «admirablement» assaini son pays et l'avait «réintégré dans le concert des nations», provoquant de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Le Pen défendrait des positions russes même lorsque celles-ci vont à l'encontre des intérêts français. Mauvaise patriote, Marine Le Pen?
La populiste de droite reproche au rapport d'être «totalement politisé». Ses opinions sur la Russie n'auraient «pas changé d'un iota» après l'obtention du prêt. Le Pen a toujours été du côté de Poutine, à qui elle a d'ailleurs rendu visite en 2017. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle condamne l'invasion russe de l'Ukraine. Elle continue de rejeter les livraisons d'armes de l'Occident pour protéger la démocratie ukrainienne.
Avec le rapport parlementaire qu'elle a elle-même demandé, Marine Le Pen marque un autogoal, car ses affinités moscovites semblent lui porter préjudice. Elle qui avait marqué des points pendant la période Covid, le conflit des retraites et la question de l'immigration, a toujours l'intention de se présenter à la succession d'Emmanuel Macron en 2027. Actuellement, son parti est en tête des pronostics électoraux, il s'agirait de sa quatrième candidature à la présidence.
Pourtant, un détail pourrait avoir son importance: Marine Le Pen n'a pas remboursé intégralement le crédit russe. (aargauerzeitung.ch)