Un policier, affirmant avoir agi en état de légitime défense, a tiré avec un fusil d'assaut, dimanche soir, dans le centre de Paris sur une voiture soupçonnée d'avoir forcé un contrôle, tuant deux occupants et en blessant un troisième.
Il a été placé en garde à vue lundi après-midi à l'Inspection générale de la police (IGPN, police des polices), «du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner», en raison «de la gravité des conséquences» de ses tirs «et afin de vérifier avec précision les conditions d'usage de son arme», a indiqué le parquet de Paris.
D'après le compte-rendu d'intervention de la police consulté par l'AFP, dimanche 24 avril, peu avant minuit, une patrouille de cinq policiers s'est dirigée vers une voiture garée en contresens, feux de détresse allumés, sur un quai de l'île de la Cité, afin de la contrôler.
Alors que les policiers s'approchaient, la voiture a démarré et «foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter», selon ce rapport.«Le seul» policier, armé d'un fusil d'assaut, a alors ouvert le feu sur le véhicule qui prenait la direction du Pont-Neuf où il a terminé sa course sur un terre-plein.
Selon les premiers éléments de l'enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées dont «cinq ou six impacts ayant atteint les individus». Le conducteur, âgé de 25 ans et retrouvé inerte au volant, et son passager avant, 31 ans, découvert allongé sur le sol à droite de la voiture, sont décédés sur place.
Les deux hommes sont «connus (de la police), entre autres pour stupéfiants», selon une source proche du dossier.Le passager arrière, âgé de 42 ans, a été blessé «sans que son pronostic vital ait été engagé», a indiqué le parquet de Paris. Il est inconnu des services de police, selon une source policière.
Le fonctionnaire ayant tiré était équipé d'un HKG36, un fusil d'assaut utilisé par l'armée allemande et acheté en urgence aux policiers et aux gendarmes après les attentats djihadistes meurtriers du 13 novembre 2015 à Paris pour pouvoir riposter aux tirs de kalachnikov. Le HKG36 était déjà utilisé auparavant par les unités d'élite de la police et de la gendarmerie.
La piste terroriste a été rapidement écartée et le parquet a ouvert deux enquêtes. La première pour «tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique» porte sur les circonstances d'un possible refus d'obtempérer.
(ats/cru)