Un détective d'art néerlandais a retrouvé des documents volés datant du 15e au 19e siècle, dont des archives classées à l'Unesco de la toute première multinationale de l'histoire. Arthur Brand, surnommé l'«Indiana Jones du monde de l'art» pour ses découvertes médiatisées d’œuvres volées, a déclaré que cette dernière trouvaille était l'une de ses plus importantes.
Plusieurs documents retracent les débuts de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC), dont les opérations commerciales et militaires à travers le monde ont contribué au Siècle d'or néerlandais, lorsque les Pays-Bas étaient une superpuissance mondiale.
Les documents de la VOC du XVIIe siècle offrent un «aperçu fascinant des événements de cette époque dans des endroits en Europe, Inde, Indonésie, Afrique du Sud et Amérique latine», observe Arthur Brand.
Un document de 1602 relate la première réunion de la VOC, au cours de laquelle a été conçu son célèbre logo, considéré comme le premier logo d'entreprise au monde. Les marchands de la VOC ont sillonné le monde, propulsant les Pays-Bas au rang de puissance commerciale mondiale, tout en exploitant et en opprimant les colonies conquises.
La société maritime était également une puissance diplomatique de premier plan, et un document relate une visite en 1700 de hauts fonctionnaires de la VOC à la cour du Grand Moghol en Inde.
Le détective d'art néerlandais estime:
Un avis partagé par l'Unesco, qui indique sur son site internet que «les archives de la VOC constituent la source la plus complète et la plus exhaustive sur l'histoire du monde moderne».
Le trésor retrouvé comprend également les premiers journaux de bord de l'un des amiraux les plus célèbres au monde, Michiel de Ruyter, dont les exploits sont encore étudiés aujourd'hui dans les académies navales.
Ce Néerlandais s'est rendu célèbre grâce à son audacieux raid de 1667 contre la flotte anglaise sur la rivière Medway, l'une des plus grandes humiliations de l'histoire navale mondiale.
Les journaux de bord, rédigés de sa propre main, relatent la première expérience de guerre navale de l'amiral, la bataille de Saint-Vincent contre la flotte espagnole en 1641.
Tout aussi captivant est le mystère qui entoure la mise au jour de ces documents par Arthur Brand. Le détective a reçu un courriel d'une personne qui était tombée sur un carton rempli de manuscrits anciens en vidant le grenier d'un membre de sa famille.
Ce dernier prêtait occasionnellement de l'argent à un ami, qui laissait quelque chose en garantie, dont le carton contenant les documents.
Il a enquêté avec la police néerlandaise et a conclu que les documents avaient été volés en 2015 aux Archives nationales des Pays-Bas, à La Haye. Le principal suspect est décédé depuis. Il s'agissait d'un employé des archives qui avait effectivement laissé le carton en garantie, mais ne l'avait jamais récupéré. Le détective d'art a indiqué avoir passé de nombreuses soirées à éplucher les documents. «Guerres en mer, négociations à la cour impériale, voyages lointains dans des régions peu explorées et des chevaliers», un véritable voyage dans le temps, raconte-t-il.