Olivier Bianchi n'a pas apprécié. Mais alors... vraiment pas. Quand le maire socialiste de la ville de Clermont-Ferrand a découvert, mi-novembre, qu'une vidéo le mettait en scène dans une fâcheuse posture, il a vu rouge. La séquence ne dure qu'une poignée de secondes, mais c'est suffisant pour que la victime se dise «sidérée, atterrée». Le maire français n'est pas le seul à avoir été visé, puisque plusieurs de ses collègues se sont retrouvés dans la même galère.
Voici la vidéo postée par un détracteur habituel, modérateur de la page Facebook Saccage Clermont, sur son compte Twitter.
— Olivier Bianchi (@olivierbianchi1) November 16, 2024
Ça suffit ! Aucune hostilité politique ne justifie de voir sa tête écrabouillée ou découpée.
Je le signale au procureur. pic.twitter.com/gtP4Ud1J6i
Dans cette vidéo réalisée à l'aide de l'intelligence artificielle, le buste d'Olivier Bianchi se retrouve écrabouillé comme une vulgaire pâte à modeler. Les têtes de Cyril Cineux et Thomas Weibel, ses deux adjoints, ont été compressées, tandis que le député vert Nicolas Bonnet sera transformé en tranche de cake avant d'être découpé.
Si l'élu a pris cette vidéo avec une vive émotion, c'est qu'elle serait l'œuvre de l'un des modérateurs de la page Facebook «Saccage Clermont» qui, comme sa version parisienne contre Anne Hidalgo, ambitionne de prouver que la politique du parti au pouvoir ruine la ville. En d'autres termes, un ennemi. Olivier Bianchi et les autres ont donc porté plainte et signalé cette vidéo dégradante auprès de Dominique Puechmaille, procureure de la République de Clermont-Ferrant.
Cette semaine, l'auteur présumé de cette vidéo, âgé de 16 ans, a été interpellé à son domicile et jeté en garde à vue. Son matériel informatique est fouillé au peigne fin. Le maire de Clermont est revenu sur l'incident dans un communiqué, où il «déplore et condamne cette violence symbolique contre des élus locaux qui s’inscrit dans un climat national de plus en plus délétère».
L'affaire va très vite devenir politique, lorsqu'un média citoyen de la région de Clermont affirmera que la mère de l'auteur de cette vidéo a été «sur la liste de l'opposant de droite Jean-Pierre Brenas aux élections municipales de 2020». Et, selon l'antenne régionale de France TV, Olivier Bianchi «a demandé une réaction à cette information à Jean-Pierre Brenas et à l'actuel leader de l'opposition, Julien Bony». Non seulement ces derniers nient en bloc, mais ont décidé de porter plainte, lundi dernier, contre le média de gauche qui a révélé l'identité de l'auteur présumé.
Blague douteuse ou menace bien réelle? Selon la chaîne Ici (anciennement France Bleu), le jeune homme «pourrait être poursuivi pour outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique». Les médias français qui ont relaté l'affaire ces derniers jours n'ont pas fait le lien entre cette vidéo et un trend qui fait fureur sur les réseaux sociaux. Pourtant, la technique est la même.
Pour ceux qui passent leur journée sur X ou TikTok, ces photographies écrabouillées comme une balle antistress ou découpées comme un gâteau ne sont pas nouvelles et même plutôt bon enfant. Sur le site Pika.art, l'internaute a la possibilité d'écraser, de découper ou de faire fondre ou léviter plus ou moins n'importe quoi. Il suffit de télécharger une photo et de laisser l'IA bosser. Le site avait notamment fait un carton pendant Halloween.
Comme souvent lorsqu'un joujou technologique fait son apparition sur Internet, il se retrouve très vite détourné politiquement, avec plus ou moins de légèreté. Sans oublier qu'il existe toujours un gap entre la génération qui l'utilise et celle qui la découvre sur le tard. Pour les autorités françaises, il s'agit donc désormais de déterminer les réelles intentions du gamin qui a généré et publié cette vidéo du maire de Clermont-Ferrand.