La star franco-malienne Aya Nakamura, qui pourrait chanter Edith Piaf en ouverture des Jeux olympiques de Paris, se retrouve au coeur d'une polémique lancée en France par l'extrême droite. Les organisateurs des JO se disent «choqués» par des «attaques racistes».
Le chef de l'Etat et la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde n'ont pas confirmé cette rumeur, mais l'idée hérisse l'extrême droite. Dimanche, des huées ont retenti à l'évocation de l'artiste lors d'un meeting de campagne pour les élections européennes du parti d'extrême droite Reconquête! à Paris.
Un groupuscule d'ultradroite a, lui, posté sur les réseaux sociaux une photo d'une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine proclamant: «Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako!». L'expression «Y'a pas moyen» est tirée de son hit «Djadja», qui cumule plus de 950 millions de vues sur YouTube.
L'artiste a vivement réagi sur les réseaux sociaux, en accusant ses détracteurs d'être «racistes»:
Avec cette réaction, la chanteuse exporte ce débat à l'international: suivie par près de 1,3 million de personnes sur le réseau X et près de quatre millions sur Instagram, la reine du R'N'B francophone est souvent citée dans les posts de Madonna, dont les enfants sont fans de l'interprète de «Copines».
Dadju, l'un des poids lourds du R'N'B en France, a aussi pris la défense de la chanteuse:
La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a également apporté son soutien à la chanteuse:
«Ils prétendent aimer leur pays, mais ils veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Edith Piaf. On ne peut pas être raciste et patriote en France», a fustigé de son côté le député de la gauche radicale Antoine Léaument.
Les anti-Aya Nakamura raillent les libertés qu'elle prend avec la langue française, comme dans «Djadja», mêlant vocabulaire et images venues des quatre coins du monde («J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça»). C'est oublier que la musique populaire s'est toujours nourrie de textes faciles, voire simplistes. On peut citer les succès «Ob-la-di, Ob-la-da» des Beatles ou «De do do do, De da da da» de Police.
«C'est impardonnable que des racistes puissent s'en prendre à une artiste pour ses origines et sa couleur de peau, alors que les JO transcendent les frontières», a dit Angelo Gopee, patron de Live Nation France, antenne nationale de l'un des plus gros producteurs de spectacles au monde. «Tous les politiques devraient être vent debout», souligne-t-il. (ats/jch)