International
France

En France des moyens massifs sont mis en place pour le 14 juillet

Virage sécuritaire du gouvernement pour reprendre le contrôle après les émeutes

Le gouvernement français renforce la sécurité et prend des mesures strictes après les émeutes, notamment en interdisant les rassemblements et les mortiers d'artifice, dans le but de prévenir de nouveaux troubles lors des festivités du 14 Juillet.
09.07.2023, 09:3509.07.2023, 12:27
Plus de «International»
epaselect epa10734384 Police officers stand by Republique Square during a demonstration organized by supporters of Adama Traore, in Paris, France, 08 July 2023. The protest is organized by supporters  ...
«Les moyens seront massifs pour protéger les Français.»Keystone

Rassemblements interdits, mortiers d'artifice prohibés et «moyens massifs» promis pour le 14 juillet: le gouvernement poursuit son virage sécuritaire pour montrer coûte que coûte qu'il reprend la main après les émeutes.

Les 13 et 14 juillet, affirme samedi la Première ministre Elisabeth Borne dans un entretien au Parisien, alors que l'exécutif craint un nouvel embrasement dans les cités.

Un décret, publié dimanche, interdira en outre la «vente», le «port» et le «transport de mortiers d'artifice», fréquemment utilisés par les émeutiers, annonce la cheffe du gouvernement.

«Seuls les professionnels, qui organiseront les feux d'artifice dans les communes, pourront en acheter»

Concernant d'éventuelles sanctions pour les familles de jeunes auteurs de violences, la Première ministre prévient que l'exécutif «fera évoluer la loi (...) si le cadre légal existant n'est pas suffisant».

«Rapide et efficace»

Le gouvernement réfléchit en l'occurrence à une amende spécifique pour les mineurs, sur le modèle de l'amende forfaitaire pour les adultes quand ils commettent de tels actes. «C'est rapide et efficace», souligne Elisabeth Borne. Depuis les violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier, Emmanuel Macron a érigé le rétablissement d'un «ordre durable» en priorité absolue.

Les rassemblements en mémoire d'Adama Traoré, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016, ont été interdits dans le Val-d'Oise et à Paris, ce qui n'a pas empêché 2000 personnes de se rassembler samedi après-midi dans la capitale. Le frère d'Adama, Youssouf Traoré, a été interpellé en marge du rassemblement et placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion.

«Pente autoritaire»

La France insoumise et les écologistes ont déploré ces interdictions de rassemblement qui placent la France «au ban des démocraties». «D'interdiction en répression, de Pétain à Valeurs actuelles, le chef de l'arc républicain entraîne la France dans un régime déjà vu. Danger. Danger», a tweeté le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

«Petit à petit les libertés publiques perdent du terrain (...) Ne plus pouvoir manifester contre un pouvoir, c'est en accepter le discours (...) Là est la pente autoritaire», a abondé Sandrine Rousseau, présente, malgré l'interdiction, au rassemblement parisien en mémoire d'Adama Traoré. Une dizaine de députés insoumis et écologistes avaient également fait le déplacement.

Sur le plan judiciaire, les émeutes qui ont secoué la France ont donné lieu à 3734 gardes à vue, dont près de 400 incarcérations, selon les données du ministère de la Justice. Parmi ces gardés à vue, 1163 étaient des mineurs.

«Si les violences repartent cet été, l'effet sera très négatif pour le gouvernement. Il faut un été calme pour pouvoir repartir sur des réformes à partir de la rentrée.»
L'AFP le politologue Bruno Cautrès

«Emmanuel Macron doit impérativement montrer aux Français que toutes les mesures sont prises», relève à l'AFP le politologue Bruno Cautrès.

«Inquiète»

Elisabeth Borne, qui a assuré samedi «avoir délivré» la feuille de route des «100 jours» fixée par Emmanuel Macron en avril pour relancer son quinquennat après la crise des retraites, a notamment réaffirmé l'objectif de «débattre d'un texte à l'automne» sur l'immigration. A plus long terme, «sur le plan de la sécurité, l'exécutif ne doit pas laisser le champ libre à la droite radicale», relève Bruno Cautrès.

Augmentation des places de prison, majorité pénale à 16 ans, responsabilité pénale parentale: pendant les violences qui ont suivi le décès de Nahel, plusieurs élus Les Républicains, dont le président du parti Eric Ciotti et le patron des sénateurs Bruno Retailleau, ont formulé des propositions parfois en phase avec l'extrême droite.

«Le gouvernement ne veut clairement pas se laisser dépasser par la droite, quitte à flirter parfois avec les limites du cadre juridique.»
La constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina
«Au risque de recevoir de nouvelles mises en garde de la part de certains juges, des instances de protection des libertés en France et à l'international.»
La constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina

Dans la foulée des émeutes, un comité de l'ONU a dénoncé «l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre». Des propos contestés samedi par Paris qui les juge «excessifs» et «infondés».

La députée écologiste Sandrine Rousseau s'est dite samedi soir «inquiète» de potentiels débordements qui pourraient éclater le 14 juillet. «Le gouvernement doit annoncer des mesures» contre les violences policières, a déclaré l'élue sur BFMTV, dénonçant un pouvoir exécutif qui «ne comprend pas la France profonde». (dal/afp)

Les émeutes continuent en France.
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Elu personnalité de l'année, Trump a gagné sa guerre contre le «Time»
Double coup double en moins de dix ans pour Donald Trump. Jeudi, le magazine Time a dévoilé sa traditionnelle «Person of the year». Un concours d'ego qui n'aura plus jamais l'influence qu'il avait dans les années 1980. Tout le contraire du vainqueur de l'année: le 47ᵉ président des Etats-Unis.

Il y a huit ans, Donald Trump devenait coup sur coup président des Etats-Unis et «personnalité de l'année 2016». Time, fier propriétaire de ce concours qui vieillit mal, avait alors précisé que le milliardaire incarnait le «président des Etats Divisés d'Amérique», histoire de situer à la fois le personnage et les opinions du magazine. Il s’agissait de prouver que ça va un peu plus loin que Miss France. Ce qui n'a pas empêché l'ancienne star de la télé-réalité new-yorkaise (et le reste du monde) de considérer cette nomination comme un trophée.

L’article