Abdeslam vindicatif et tout ce qu'il faut retenir de ce 1er jour de procès
Quels mots pour ouvrir un procès hors norme?
De façon inhabituelle, le président de la cour d'assises spéciale - composée uniquement de magistrats professionnels - a souhaité tenir un propos liminaire, «en toute humilité».
Mais, prévient le président, «ce qui importe c'est aussi justement le respect de la norme, le respect des droits de chacun, à commencer par les droits de la défense».
Abdeslam joue la provocation dès le début
En début d'audience, le seul membre encore en vie des commandos derrière les attentats du 13 novembre a joué la provocation en paraphrasant la Chahada, profession de foi musulmane, lors de sa première prise de parole devant les magistrats qui doivent le juger jusqu'à la fin mai.
Au coeur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l'arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d'un concert au Bataclan, où l'assaut sera donné peu après minuit.
Le bilan officiel des victimes fait état de 130 morts et de 413 blessés.
La cour d'assises spéciale juge au total 20 accusés, soupçonnés d'être impliqués à divers degrés dans la préparation des attaques. Six sont jugés par défaut, dont le donneur d'ordre et vétéran du jihad Oussama Atar, et les «voix» françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.
Alors que le président de la cour lui demandait, comme c'est l'usage, de se lever et de décliner son identité, Salah Abdeslam a répondu:
«On verra ça après», a rétorqué le président sans se démonter avant de lui demander sa profession. Le Franco-Marocain de 31 ans, accusé de complicités de crimes terroristes et qui encourt la perpétuité a répondu:
Passe d'armes entre Abdeslam et le président
Plus tard dans la journée, peu avant 17 heures, alors que la cour procédait, depuis près de trois heures, à l'appel des parties civiles déjà constituées, le président Jean-Louis Périès a annoncé une suspension de séance après le malaise d'un des accusés.
A la reprise, une trentaine de minutes après cet incident, l'un de ses avocats a dénoncé auprès de la cour d'assises spéciale ses conditions de détention et les «fouilles à nu» subies par son client à son arrivée au palais de justice, soulignant son «état dépressif». Coupant la parole du président, Salah Abdeslam a immédiatement embrayé:
«Ça fait six ans que je suis traité comme un chien et je ne me suis jamais plaint», a-t-il lancé, coupé par le président:
Comment ont réagi les proches des victimes?
Les proches des victimes des attaques ont commenté les premières prises de parole de Salah Abdeslam:
Quel a été le comportement des autres accusés?
Dix autres accusés (hors Salah Abdeslam) se sont installés sur la première rangée des bancs du box. Trois autres accusés comparaissent libres. Contrairement à Salah Abdeslam, tous se sont contentés de décliner leur identité et de répondre aux questions sans faire de commentaire.
A quoi servait cette première journée?
Cette première journée d'audience était consacrée à l'appel des parties civiles, qui continuera jeudi, avant la lecture du rapport vendredi. Les premiers témoins ne sont attendus à la barre que lundi.
Pendant neuf mois - la plus grande audience criminelle jamais organisée en France -, la cour va se replonger dans ce titanesque dossier. Il est inédit par son ampleur - 542 tomes -, par son nombre de parties civiles - au moins 1800 -, et par sa charge émotionnelle.
Les témoignages de rescapés et proches des victimes débuteront le 28 septembre, pour cinq semaines. (jah/ats)