Une vaste opération nocturne d'Israël à Rafah a fait une centaine de morts lundi, selon le Hamas. Tel Aviv a annoncé avoir libéré 2 otages détenus dans cette ville, ultime cible affichée de son offensive dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné la semaine dernière à l'armée de préparer une offensive sur cette ville du sud de Gaza, devenue le dernier refuge pour des centaines de milliers de Palestiniens ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois entre Israël et le mouvement islamiste. Le dirigeant a réaffirmé lundi sa détermination à «vaincre le Hamas».
Cette offensive annoncée sur la ville surpeuplée suscite de vives inquiétudes à l'étranger et le président américain Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a exhorté dimanche Benjamin Netanyahu à «garantir» la sécurité de la population.
Pendant la nuit, les forces israéliennes ont mené à Rafah une opération terrestre accompagnée de bombardements pour libérer deux otages israélo-argentins de 60 et 70 ans enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre, qui a déclenché la présente guerre, dernier épisode du long conflit israélo-palestinien.
Les forces israéliennes ont fait irruption «avec des explosifs» au deuxième étage d'un bâtiment où étaient détenus ces deux hommes, «ont ouvert le feu sur des cibles aux alentours et ont libéré les otages», ont indiqué l'armée et le gouvernement.
Les deux otages ont ensuite été héliportés à l'hôpital Sheba de Ramat Gan, près de Tel-Aviv, où ils «sont dans un état stable», selon Arnon Afek, le directeur de l'établissement.
Selon l'armée, deux soldats ont été tués dans une autre opération. Le ministère de la Santé du Hamas a lui fait état «d'environ 100 morts» dans une «attaque», incluant des bombardements contre de nombreux bâtiments à Rafah, où environ 1,4 million de Palestiniens, selon l'ONU, soit cinq fois la population d'origine de la ville, sont à présent piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.
Les familles des otages restants exhortent le gouvernement à accepter un nouvel accord de trêve avec le Hamas incluant la libération de leurs proches.
Environ 250 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre et emmenées à Gaza. Une trêve d'une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël. Avant ces deux libérations, Israël estimait que 132 otages étaient toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts.
Le Hamas a prévenu dimanche qu'une offensive sur Rafah «torpillerait» tout accord pour une libération des otages. Mais Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à vaincre le Hamas dans son «dernier bastion» de Rafah. «La victoire est à portée de main», a-t-il affirmé dimanche sur la chaîne américaine ABC News. Israël assurera «un passage sécurisé à la population civile pour qu'elle puisse quitter» la ville, a-t-il ajouté, sans préciser où les civils pourraient se réfugier.
L'offensive israélienne déclenchée après le 7 octobre a déjà fait plus de 28 000 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui a dénombré lundi 164 morts en 24 heures. «Je ne sais pas où nous irons» en cas d'offensive sur Rafah, a témoigné Farah Mohammad, qui a fui la ville de Gaza, dans le nord du territoire. «Il n'y plus d'endroit pour fuir», dit cette mère de famille de 39 ans.
«Dans les conditions actuelles», Washington «ne pourrait pas soutenir une opération militaire à Rafah en raison de la densité de la population», a prévenu un haut responsable américain, soulignant que la population n'a «nulle part où aller». Environ 1,7 million de personnes, d'après l'ONU, sur un total de 2,4 millions d'habitants, ont fui leur foyer depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien dévasté, assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure. Beaucoup ont été déplacées plusieurs fois, fuyant toujours plus vers le sud à mesure que les combats s'étendaient.
Rafah, devenue un gigantesque campement, est le dernier centre urbain où l'armée israélienne n'a pas encore lancé d'assaut terrestre et le principal point d'entrée de l'aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins de la population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.
(sda/ats/afp)