Israël a perpétré un génocide à Gaza assure cette enquête de l'ONU
Israël a perpétré un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, selon la Commission d'enquête internationale sur l'Etat hébreu et les territoires palestiniens. Mardi à Genève, celle-ci a mis en cause le président Isaac Herzog, le premier ministre Benjamin Netanyahu et l'ex-ministre de la défense Yoav Gallant, accusés d'avoir incité à ces atrocités.
Selon les trois enquêteurs, les autorités et les forces de sécurité israéliennes ont mené quatre des cinq actes génocidaires selon la Convention de 1948 sur le crime de génocide. Des tueries, des dommages graves physiques et mentaux, l'imposition de conditions pour détruire la population palestinienne en totalité ou en partie, de même que des mesures pour empêcher les naissances en font partie.
Le cinquième acte porte sur le transfert forcé d'enfants d'une région à une autre. «Nous n'avons aucune preuve» qu'il ait été observé dans cette situation, a affirmé à la presse un membre de la Commission, Chris Sidoti.
Accusations contre le gouvernement
«Il est clair qu'il y a une intention de détruire les Palestiniens» et que celle-ci «guide les opérations» également dans les autres territoires palestiniens, a affirmé sa présidente Navi Pillay. Elle s'appuie sur des déclarations de dirigeants civils et militaires israéliens et met en cause les «plus hautes» autorités de l'Etat hébreu.
Celles-ci ont également échoué à empêcher et à punir la perpétration du génocide, en ne menant pas d'investigations sur les responsables, selon les enquêteurs. Ils mettent en cause directement le chef de l'Etat, le chef du gouvernement et Yoav Gallant et ajoutent qu'ils auraient dû être sanctionnés. Les discours d'autres responsables devraient être analysés, selon eux.
Enfants ciblés et destructions systématiques
Ils dénoncent le nombre «sans précédent» de Palestiniens tués, dont des enfants directement ciblés, le siège imposé au territoire palestinien, y compris la famine provoquée par le manque d'assistance humanitaire, la destruction systématique du système de santé et de l'éducation et les violences sexuelles.
La Commission reproche aussi à Israël de ne s'être pas conformé aux ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ) qui lui demandait d'empêcher un génocide:
Au contraire, les autorités israéliennes ont persisté avec leur «campagne génocidaire», a ajouté Navi Pillay.
Les trois enquêteurs demandent que tous les responsables soient punis. Israël doit mettre un terme au «génocide» et appliquer entièrement les ordonnances de la CIJ, selon eux.
Que demandent les enquêteurs?
Et d'enjoindre à l'Etat hébreu d'arrêter sa politique de famine contre les Palestiniens, de garantir l'accès pour l'assistance humanitaire et celui du personnel de l'ONU et des ONG internationales «reconnues». Les activités de la controversée Fondation humanitaire de Gaza (GHF) doivent en revanche être interrompues, insiste la Commission.
Elle relaie également des exigences pour les autres pays. «Les Etats ne devraient pas attendre que la CIJ» conclue à un génocide, a affirmé Mme Pillay.
Ils doivent arrêter les livraisons d'armes et de matériel qui peuvent être utilisées pour le génocide, selon la Commission. Ils doivent également garantir que les individus et les entreprises sur leur territoire n'aident pas à perpétrer ces atrocités.
Des dizaines de sociétés, dont le groupe zougois Glencore qui rejette ces accusations, avaient récemment été mis en cause par la rapporteuse spéciale sur les territoires palestiniens. Tous les responsables doivent être punis, ajoute encore la Commission. Toute autre attitude de la communauté internationale reviendrait à de la «complicité», affirme aussi Pillay.
Que répond Israël?
Parmi les réactions, Israël a rejeté un rapport «scandaleux» et «mensonger» publié par trois enquêteurs «notoirement» connus pour leur antisémitisme, a affirmé à la presse son ambassadeur à l'ONU à Genève, Daniel Meron. «La réponse israélienne devient ennuyeuse», «toujours la même», a rétorqué Sidoti. Plutôt que de recourir à «ChatGPT», «je voudrais qu'ils s'expriment sur le rapport», affirme-t-il.
Outre plusieurs pays, des rapporteurs spéciaux de l'ONU et un mécanisme onusien à New York avaient considéré jusqu'à présent qu'un génocide avait lieu. Mandatés par le Conseil des droits de l'homme pour des investigations, les trois membres de la Commission avaient plutôt parlé de crimes contre l'humanité. Les faits devraient inciter les hauts responsables à l'ONU d'utiliser désormais le terme de «génocide», selon eux.
Les enquêteurs ont récemment présenté leur démission mais Sidoti pourrait revenir et présider l'entité à l'avenir. Ni la menace de «sanctions», ni aucune «pression» n'a provoqué ce choix, insiste Pillay. Israël souhaite que ce changement permette plutôt de mettre un terme au mandat de la Commission. Seule une cour internationale peut formellement conclure à un génocide. (sda/ats)
