Ni trains, ni bus, ni métro durant 24 heures: la capitale Buenos Aires devrait sonner creux jeudi, sans une grande partie des trois millions de personnes qui y transitent chaque jour, la majorité en transports en commun. Quelque 400 vols seront annulés, affectant 70 000 passagers, selon l'Association latinoaméricaine du transport aérien.
La grève «contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail, syndical, et à un salaire digne», lancée par plusieurs syndicats dont la puissante CGT péroniste, s'annonce suivie. Bien plus que celle du 24 janvier (12 heures seulement), un semi-échec raillé par le gouvernement comme la grève «la plus rapide de l'histoire» car annoncée en décembre, 18 jours après l'investiture de Milei.
Cette fois encore, la présidence dénonce une grève «strictement politique» et des syndicats «battant des records de rapidité et du nombre de grèves», face à un gouvernement «à peine entré en fonction». Syndicats qui vont «à l'encontre de ce que les gens ont voté il y a cinq mois».
L'impact politique pourtant, pourrait être moindre que les grandes marches pour la défense de l'université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), plus forte mobilisation hostile à Milei à ce jour.
Malgré une légère inflexion en avril, plusieurs sondages récents voient Milei osciller entre 45 et 50% d'image positive – il avait été élu avec 56%. Une forme de stabilité spectaculaire pour un gouvernant qui a infligé en peu de mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques «tronçonnées», «l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité», comme l'anarcho-capitaliste aime à rappeler.
En plus, le corrosif Milei, «sans pour autant changer sa personnalité et son discours agressif», est en train de vivre «un apprentissage politique», considère Rosendo Fraga, politologue de l'Académie des sciences morales et politiques.
À ce titre, l'adoption fin avril (du moins à la Chambre basse) de son train de réformes dérégulatrices, un projet amendé, rétréci, raboté, est «importante»: elle montre un Milei «plus flexible dans la pratique, assouplissant l'idéologie», et qui «peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force» de 37 députés sur 257. (vz/ats)