Le Canada devient le centre des protestations d'un mouvement mondial. Les manifestations à Ottawa en sont maintenant à leur deuxième semaine, avec des centaines de camions obstruant les rues de la capitale et de grands groupes de manifestants construisant des camps pour le long terme.
Jim Watson, le maire d'Ottawa, jugeant la situation «hors de contrôle» dans sa ville paralysée depuis plus d'une semaine par des opposants aux mesures sanitaires, a déclaré dimanche «l'état d'urgence» dans la capitale canadienne. Les forces de l'ordre locales ont juré de réprimer les manifestations. Mais pourquoi cette situation prend-elle une telle une ampleur?
Le pays à la feuille d'érable est une nation qui profite des convois de ses nombreux camionneurs. La raison remonte en 1995, où le gouvernement canadien a décidé de privatiser le trafic ferroviaire. Aussi, il n'a pas jugé bon d'investir dans l'aviation interne.
La pandémie de Covid-19 a donc souligné l'importance de ce pan de l'économie canadienne et surtout fait éclater la chaîne d'approvisionnement, entraînant une hausse des prix. Cette grève ne pouvait pas plus mal tomber, au vu de la pénurie de chauffeurs.
Pour donner un petit élément de réponse, l’industrie du camionnage a connu une migration des emplois salariés vers du travail d’entrepreneuriat. Ainsi, le nombre de conducteurs propriétaires d’un seul camion s’est largement accru. Dans ce contexte, les camionneurs non vaccinés, qui ne peuvent plus traverser la frontière faute de passeport vaccinal, n’ont rien à perdre à manifester.
Et pour comprendre le ras-le-bol: le pass vaccinal est une corde (très) sensible. Entre 10% à 15% des camionneurs ne seraient pas vaccinés. En imposant le passeport vaccinal aux camionneurs, le gouvernement canadien bloque une part d’un transport des marchandises déjà mal en point. Il provoque en outre de la turbulence sociale.
Alors que l' impasse canadienne contre les restrictions de Covid-19 paralyse Ottawa, elle devient virale en ligne, juste de l'autre côté de la frontière canadienne, comme un cri de ralliement pour les principaux politiciens républicains américains et les influenceurs d'extrême droite, d'après un article paru sur Politico.
Ce mouvement, qui s'est principalement orienté vers la politique de droite, n'a pas tardé à sauter sur les dernières manifestations anti-vaccins pour promouvoir un message mondial coordonné, selon lequel les efforts des décideurs politiques pour protéger les gens contre le coronavirus sont plutôt des restrictions antidémocratiques. Le «Convoi de la liberté», tel qu'il a été baptisé par les routiers, n'a cessé de prendre de l'ampleur ces derniers jours.
Bien que le mouvement soit en plein boom outre-Atlantique, l'Europe commence à sentir le brasier prendre forme. Des convois sont prévus dans les 27 pays de l'Union européenne. Les organisateurs se préparent également à descendre à Bruxelles.
En Suisse, une alerte à la manifestation est annoncée sur le site de l'ambassade américaine ☝. La Schweizer Freiheits-Convoy (Swiss Freedom Convoy) appelle les camions, tracteurs et autres opérateurs de véhicules suisses à converger vers Berne, le lundi 7 février à 16h. Des perturbations de la circulation sont attendues dans toute la ville.