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Guerre contre l'Ukraine

Comment l'attaque de drone a été vécue à Moscou

In this image taken from video, investigators inspect the building after a Ukrainian drone damaged an apartment building in Moscow, Russia, Tuesday, May 30, 2023. In Moscow, residents reported hearing ...
Cet immeuble moscovite a été frappé par un drone.Keystone

«Bordel! Je devrais partir d'ici, ça se rapproche»

Après une attaque de drones contre des immeubles d'habitation à Moscou, le ministère russe de la Défense parle d'un «acte terroriste du régime de Kiev». Ce dernier dément. Les Moscovites, eux, sont choqués.
31.05.2023, 11:5631.05.2023, 17:38
Inna Hartwich, Moscou / ch media
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«Bordel! Je devrais peut-être partir d'ici, ça se rapproche de plus en plus. Qu'est-ce que je vais faire?», dit une voix d'homme dans l'une des vidéos qui circulaient mardi matin sur les canaux Telegram russes. Elle montre un drone survolant la maison de la personne filmée dans la région de Moscou.

Il s'agit en effet d'un réveil, d'une sorte de test au cours duquel les Russes doivent ressentir ce qu'est la guerre, qu'ils ont l'habitude d'appeler officiellement «opération militaire spéciale» depuis plus de 15 mois et qu'ils acceptent comme quelque chose qui leur est tombé dessus de l'extérieur.

«Pourquoi les Russes peuvent-ils transformer la capitale ukrainienne en cauchemar et les habitants de Moscou se reposer?»

Cette question rhétorique a été lancée par le maire de Kiev, Vitali Klitschko. Dans la nuit de lundi à mardi, sa ville était encore sous le feu nourri de l'armée russe.

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Mais quelques heures plus tard, certaines rues de Moscou étaient encerclées par la police, les pompiers et les services secrets. Dans le sud-ouest de Moscou – où l'on trouve des immeubles d'habitation allant jusqu'à 25 étages, de nombreuses écoles et des centres commerciaux – les voitures s'entassaient, comme cela n'arrive guère aux premières heures d'un jour ouvrable.

People look at a the apartment building in Moscow, Russia, damaged by a drone in an attack that authorities blamed on Ukraine, Tuesday, May 30, 2023. In Moscow, residents reported hearing explosions a ...
Un quartier de tours.Keystone

La Russie tient l'Ukraine pour responsable

Le ministère russe de la Défense a parlé d'un «acte terroriste du régime de Kiev», mais n'a pas fourni d'éléments de preuve. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a considéré l'attaque comme une «réponse du régime de Kiev» à ce qu'il a appelé une attaque russe «contre l'un des centres de décision» en Ukraine le 28 mai. Il n'a pas précisé de quelle attaque il s'agissait. Le Kremlin se voit toujours «confirmé» par cette attaque de drone dans sa volonté de «poursuivre l'opération spéciale et d'atteindre les objectifs fixés». Peskov n'a vu «aucun danger» pour Moscou et ses habitants.

Kiev a démenti son implication dans l'attaque de drones et a réagi par la dérision: «Il se peut que les drones russes veuillent retourner à leurs expéditeurs», a déclaré le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak dans une émission du journaliste russe indépendant Alexandre Plychtchev.

Huit drones auraient été utilisés, selon Moscou. «Trois d'entre eux ont perdu le contrôle et se sont écartés des objectifs visés», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Cinq autres drones auraient été abattus par la défense antiaérienne russe.

This photo shows a part of a Ukrainian drone which reportedly damaged an apartment building in Moscow, Russia, Tuesday, May 30, 2023. In Moscow, residents reported hearing explosions and Mayor Sergei  ...
Pièces d'un drone qui a endommagé un immeuble à Moscou.Keystone

Certaines sources non confirmées ont mentionné jusqu'à 32 objets volants. L'un des lieux où un drone apparemment abattu s'est écrasé et a explosé se trouve à quelques kilomètres à vol d'oiseau de Novo-Ogaryovo la résidence en banlieue du président russe Vladimir Poutine.

Les partisans de la ligne dure appellent à la mobilisation

Le maire de Moscou a joué l'apaisement. A peine les premiers débris des drones avaient-ils été retrouvés dans les rues de Moscou et les habitants des maisons environnantes évacués qu'il écrivait sur son canal Telegram que les dégâts étaient «mineurs». Le député de la Douma Andreï Kartapolov, responsable de la défense au Parlement, a appelé au calme. Selon lui, l'attaque est:

«Une campagne de communication pour instiller la peur»

Le vice-président de la Douma, Piotr Tolstoï, un furieux partisan de la guerre a appelé à la «mobilisation de toutes les forces». Pour stopper les «tirs sur Moscou», il faut «prendre Kiev». Le gouverneur de la région frontalière de Belgorod, régulièrement bombardée et attaquée il y a une semaine par des combattants russes pro-ukrainiens, avait déjà tenu des propos similaires. La région de Kharkiv doit être rattachée à la région de Belgorod, et les attaques cesseront alors également, avait-il déclaré.

Il est pour l'instant impossible de dire avec certitude d'où les drones ont décollé et de quels types de drones, il s'agit exactement. L'objectif est toutefois clair: les attaques doivent créer de l'insécurité au sein de la population russe et – comme l'attaque de drones contre le Kremlin il y a quatre semaines – montrer la vulnérabilité de Moscou.

Mais de nombreuses personnes ne sont pas conscientes du danger. Une Moscovite interrogée par la télévision d'Etat russe s'étonne:

«Je ne comprends pas du tout pourquoi cela nous touche»

Dans le centre de la ville, les gens se promènent tranquillement sous le soleil. «Je n'ai rien à voir avec la politique», disent-ils. Ou encore: «Tout cela est bien loin de moi.»

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Des drones kamikazes iraniens sont utilisés par l'armée russe en Ukraine
Video: watson
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