Les drones jouent un rôle décisif dans la guerre en Ukraine. Ils sont utilisés par Moscou pour bombarder les villes et les infrastructures énergétiques ukrainiennes, alors que Kiev s'en sert pour frapper des dépôts de carburants et des raffineries situés de l'autre côté de la frontière.
Surtout, les deux belligérants recourent aux drones sur le front. Ces engins sont utilisés à des fins de reconnaissance et, surtout, pour attaquer les positions ennemies avec des charges explosives. Une véritable course aux drones a été lancée. Et l'Ukraine risque de la perdre.
C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles Kiev veut miser davantage sur des drones capables d'opérer au sol. Le ministre ukrainien de la transformation numérique, Mykhaïlo Fedorov, a annoncé cette semaine des projets de production en masse de robots roulants, également appelés «véhicules terrestres sans pilote» dans le jargon militaire.
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La plateforme de dons «United24», lancée par le gouvernement ukrainien, a annoncé vouloir acheter des centaines de ces engins pour l'armée ukrainienne.
⚡️Ukraine launches mass production of robotic ground platforms.
— UNITED24 (@U24_gov_ua) March 12, 2024
In just a few months, hundreds of them will be purchased via #UNITED24 to strengthen the Ukrainian army on the battlefield🔥
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«C'est une réponse asymétrique à la supériorité numérique de l'ennemi», a déclaré Mykhaïlo Fedorov. En d'autres termes, les Russes ont plus de soldats, mais avec le bon matériel de guerre, un seul combattant ukrainien peut être aussi efficace que plusieurs adversaires. Selon le ministre, les robots pourraient devenir aussi décisifs sur le front que les drones le sont actuellement.
Pour Kiev, ces véhicules pourraient jouer un rôle important parce que la guerre conventionnelle avec des obus d'artillerie est au point mort. Les troupes ukrainiennes sont confrontées depuis des mois à une pénurie de munitions, les soutiens occidentaux ne parviennent pas à suivre les livraisons.
La Russie et l'Ukraine utilisent déjà des robots terrestres sur le front, mais de manière limitée. Les informations sont rares, mais des vidéos et des photos montrent des engins utilisés pour poser des mines et effectuer des attaques suicides en s'écrasant contre leurs cibles.
Le fabricant d'armes estonien Milrem Robotics a livré 14 exemplaires de son Themis à l'Ukraine en 2022. Ce véhicule à chenilles peut évacuer des soldats, mais aussi être équipé de canons pour mener des attaques.
Selon Mykhaïlo Fedorov, les robots actuellement en cours de développement devraient être capables de poser et de désamorcer des mines, de mener des attaques et même d'évacuer des soldats blessés.
Les véhicules terrestres sans pilote ne sont pas nouveaux. L'Union soviétique en a utilisé pour la première fois lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces véhicules radiocommandés ressemblaient aux robots terrestres modernes par leur forme et leur maniement de base, mais étaient nettement plus grands. De son côté, l'Allemagne nazie a introduit sur le champ de bataille le Goliath, qui avait une portée allant jusqu'à un kilomètre et demi. Avec ses deux chaînes de transmission, il ressemblait à un char d'assaut miniature.
Les modèles modernes existent sous différentes formes, allant de petits véhicules maniables ressemblant à des voitures-jouets télécommandées à de petits véhicules blindés. L'intelligence artificielle joue également un rôle de plus en plus important dans le développement des robots terrestres.
Milrem Robotics a récemment lancé une variante du Themis équipée d'une mitrailleuse qui détecte et tire sur des cibles de manière automatisée. Israël a quant à lui présenté il y a quelques mois Robust, un véhicule blindé de cinq tonnes qui se manœuvre de manière autonome à l'aide d'un logiciel similaire à celui utilisé dans les voitures à conduite autonome.
L'Ukraine espère que les robots terrestres auront les mêmes avantages que les drones aériens. Ils permettent d'attaquer les positions ennemies sans mettre ses propres troupes en danger. Frank Sauer, expert de l'université de la Bundeswehr à Munich, pense que l'Ukraine est un terrain d'action idéal pour les robots terrestres.
Mais selon les experts militaires, le développement de robots terrestres est nettement plus complexe et plus coûteux que celui des drones. Cela s'explique d'une part par le fait que la terre est par nature un terrain plus difficile à naviguer que l'air. Il y a plus d'obstacles et les véhicules n'ont pas la vue d'ensemble qu'ont les drones.
En Ukraine, l'entreprise «Brave 1», créée l'année dernière, travaille d'arrache-pied à la production de robots. Selon ses propres indications, 140 modèles différents y sont actuellement en cours de développement, dont 96 ont été testés avec succès. Parmi eux, on ne trouve pas seulement des véhicules, mais aussi des mitrailleuses stationnaires télécommandées. «Brave 1» fait «tout pour stimuler la production de robots», a assuré Mykhaïlo Fedorov. Et de conclure: