Mikola Olechtchouk n'a pas précisé quelle serait sa prochaine cible. «La prochaine étape est...», tels étaient les derniers mots d'un message du commandant de l'armée de l'air ukrainienne sur le portail Telegram. Puis, il a publié une photo du port de Sébastopol, sur la péninsule de Crimée, en proie aux flammes.
Selon des informations russes, l'Ukraine aurait tiré dix missiles de croisière sur le port dans la nuit de mardi à mercredi. C'est là que se trouve le centre de la flotte russe de la mer Noire. Plusieurs navires et un sous-marin auraient été touchés. Les informations concernant l'étendue et la gravité des dommages divergent des deux côtés.
Sébastopol n'est pas n'importe quelle cible pour l'Ukraine: l'histoire de la flotte de la mer Noire dans le port de la ville remonte à plus de 200 ans, à l'époque de l'empire russe. Même après la chute de l'Union soviétique, les soldats russes ont pu continuer à utiliser le port.
L'objectif de l'attaque est de montrer que les forces armées ukrainiennes se rapprochent de plus en plus de la péninsule annexée. Comment l'Ukraine a-t-elle pu réussir à attaquer la Russie sur un point aussi important?
Christian Mölling suppose que cette attaque est le symbole du manque de communication au sein de l'appareil militaire russe. En fait, l'armée devrait toujours être préparée à d'éventuelles attaques aériennes sur un site aussi important:
Il est également remarquable que Kiev puisse ainsi endommager la marine russe alors qu'elle ne dispose elle-même d'aucune force navale significative:
Un autre indice pourrait être une autre attaque menée par l'Ukraine jeudi: selon les informations des médias, de nouvelles explosions ont été signalées en Crimée, à proximité de la ville côtière d’Eupatoria.
Un système de défense antiaérienne russe de type S-400 y aurait été détruit – un système d'armes d'une valeur équivalente à 1,1 milliard d'euros. Et selon les informations russes, un autre navire de la flotte de la mer Noire aurait été attaqué par des drones marins.
Il faut toutefois partir du principe qu'une attaque comme celle de Sébastopol, avec un nombre élevé de missiles de croisière utilisés simultanément, constitue actuellement plutôt une exception pour l'Ukraine.
La raison en est simple: après plusieurs attaques, les points stratégiques importants, comme le pont de Crimée, sont mieux protégés qu'il y a encore quelques mois.
En outre, il est probable que l'Ukraine ne dispose toujours pas d'un arsenal particulièrement important de missiles de croisière. Jusqu'à présent, seuls le Royaume-Uni (Storm Shadow) et la France (SCALP) ont livré de telles armes. Les deux pays n'ont toutefois pas encore donné d'indications sur le nombre d'unités concrètes.
Des systèmes d'armes comparables, comme les missiles à courte portée ATACMS des Etats-Unis ou les missiles de croisière Taurus demandés par l'Allemagne, sont jusqu'à présent retenus par les gouvernements de Washington et de Berlin – même si la pression augmente.
Toutefois, l'Ukraine a récemment enregistré quelques succès, même sans les missiles de croisière. Dans leur offensive, les troupes ont pu libérer d'autres régions conquises par la Russie dans le sud du pays. Les soldats sont toutefois encore loin d'une percée jusqu'à la mer d'Azov.
Christian Mölling ne pense pas que les mois froids à venir stopperont fondamentalement les combats. La saison des pluies en automne, connue sous le nom de «raspoutitsa», devrait faire en sorte que le sol soit tellement détrempé à de nombreux endroits que de nombreuses routes ne seront plus praticables.
En principe, cela peut limiter les efforts d'attaque ukrainiens. Mais d'autres armes seraient alors davantage sollicitées:
Pour la Russie, la baisse des températures devrait à nouveau attirer l'attention sur les infrastructures civiles de l'Ukraine, comme ce fut le cas l'hiver dernier.
Traduit et adapté par Noëline Flippe