La Russie échangerait des prisonniers de guerre sur un marché noir, selon les autorités ukrainiennes. En outre, des blessés auraient même été vendus à des groupes paramilitaires. C'est en tout cas ce qu'a déclaré le journal britannique The Times.
Selon le porte-parole du Bureau de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre en Ukraine, Petro Yatsenko, ce sont notamment des groupes tchétchènes qui participeraient au trafic d'Ukrainiens capturés. Ces derniers «achèteraient» les Ukrainiens à d'autres factions militaires russes et les échangeraient contre des prisonniers tchétchènes capturés par l'Ukraine.
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Dans ce business, les Ukrainiens seraient ainsi amenés par les forces armées russes à Grozny, la capitale de la Tchétchénie, et échangés là-bas. Une pratique qui, si elle est avérée, serait contraire, par principe, à la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre.
Les forces spéciales Akhmat, sous Ramzan Kadyrov, semblent impliquées dans ce commerce illégal. Les combattants du dictateur tchétchène sont connus pour leur manque de discipline et leur extraordinaire brutalité envers les civils. Après les batailles de Marioupol, de Sievierodonetsk et de Lyssytchansk, en 2022, ils ont été en grande partie transférés dans les zones situées à l'arrière du front. Là-bas, il est difficile pour eux de capturer des Ukrainiens pour les échanger contre leurs frères d'armes.
Les experts de l'Institute for the Study of War (ISW) se sont exprimés sur le sujet. Ils supposent que certaines forces paramilitaires au sein des forces armées russes n'ont pas accès au système d'échange de prisonniers de guerre russo-ukrainien. Le Times s'est également entretenu avec un soldat ukrainien capturé par les forces russes dans l'est de l'Ukraine en février 2023. «J'ai été prisonnier de guerre. La Russie m'a négocié au marché noir», raconte Vyacheslav Levytskeï, 41 ans, qui travaillait comme mécanicien avant la guerre.
Lors d'une attaque nocturne contre sa position dans un abri dans les bois au nord Avdiivka, il a reçu des balles dans les deux jambes et dans l'abdomen. Lorsqu'il a repris conscience le lendemain, il était seul et a passé plusieurs jours à ramper sur la terre gelée à la recherche des autres membres de son unité. Il aurait ensuite été capturé et expédié à Grozny. Là, il a été amputé des deux jambes et des mains dans un hôpital.
Après sa convalescence à l'hôpital, Vyacheslav Levytskeï aurait été emmené dans une cave où il aurait attendu avec 60 autres prisonniers ukrainiens d'être échangé contre cinq Tchétchènes. En juin 2023, il est rentré en Ukraine dans le cadre d'un autre échange. Il raconte au Times avoir été traité de manière amicale en Tchétchénie, probablement parce que les gens là-bas souffraient également du régime de Vladimir Poutine, et avaient donc de la sympathie pour les Ukrainiens. L'ancien détenu confie:
Selon le Times, 2700 prisonniers ukrainiens ont été libérés jusqu'à présent dans le cadre d'échanges. On ignore combien de Russes ont été libérés par Kiev en contrepartie. On estime que plus de 4000 militaires ukrainiens sont détenus comme prisonniers de guerre en Russie, mais les chiffres exacts du côté ukrainien et du côté russe ne sont pas connus, les deux pays ne divulguant pas ces données.
Traduit et adapté par Tanja Maeder