Anastasia et Valeriy Saksaganski sont morts parce qu'ils ne voulaient pas de passeports russes. Dans la nuit de vendredi à samedi, vers une heure du matin, des soldats russes ont fait irruption dans leur maison et ont enlevé le jeune couple, laissant leur fille de deux ans, Margarita, endormie. Le lendemain, le corps d'Anastasia a été retrouvé près d'un remblai de chemin de fer, à environ 25 kilomètres de leur village de Mali Kopani, dans le sud de l'Ukraine.
«Elle a été abattue», affirme le Centre pour le journalisme d'investigation, citant un représentant d'Hola Prystan, ville dans l'oblast de Kherson, à laquelle appartient Mali Kopani.
Le corps de l'homme de 32 ans aurait également été retrouvé. Lors de leur incursion dans la maison des Saksaganski, les soldats russes auraient volé le véhicule de la famille.
C'est une collègue d'Anastasia qui avait fait part du sort des époux sur Facebook. La jeune femme de 26 ans qui a été tuée travaillait dans une maternité de la région de Kherson. «Le personnel de la clinique présente ses sincères condoléances à la famille et à tous ceux qui connaissaient ce merveilleux couple», raconte la gynécologue Antonina Pschenychna.
Selon Antonina Pschenychna, la petite Margarita, âgée de deux ans, est désormais orpheline. On ne sait pas qui s'occupera de l'enfant.
Selon elle, les Saksaganski auraient payé de leur vie leur refus de coopérer avec les occupants russes. «Tous leurs parents et connaissances qui étaient restés au village étaient prêts à coopérer», rapporte la médecin au Centre pour le journalisme d'investigation. Pas les Saksaganski. Le couple aurait refusé d'accepter un passeport russe et de collaborer avec l'occupant, selon des proches. «Ils ont été tués pour cela», affirme Antonina Pschenychna.
Dans les territoires occupés du sud et de l'est de l'Ukraine, le Kremlin poursuit une russification impitoyable. Les Ukrainiens se voient imposer des papiers russes afin que l'armée puisse les enrôler pour faire la guerre à leurs compatriotes.
Avec cette pratique illégale au regard du droit international, Vladimir Poutine entend créer une base d'élections fictives dans les territoires que Moscou a annexés l'année dernière.
Le couple Saksaganski a manifestement fait les frais d'une troupe particulièrement redoutable.
Ces nouvelles troupes terroriseraient les habitants des villages. Si bien que rares sont ceux à oser sortir dans la rue. «Il est donc très difficile de savoir ce qui est arrivé exactement au couple Saksaganski», selon l'article.
Des rapports troublants sur les atrocités commises à l'encontre des civils arrivent régulièrement des régions occupées par les Russes en Ukraine. Dans les zones libérées, les Ukrainiens retrouvent souvent des fosses communes et des salles de torture. Les images des villes libérées de Boutcha et d'Izyum ont par exemple suscité l'horreur dans le monde entier. En l'espace de quelques semaines ou de quelques mois, les Russes y avaient torturé, assassiné et enterré des centaines de personnes dans des fosses communes.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)