A l'ouest de Bakhmout, les troupes russes tentent de faire progresser le front. L'objectif est de s'emparer des hauteurs stratégiques autour de la ville de Tchassiv Yar. «Si les Russes prennent Tchassiv Yar, la porte d'autres villes s'ouvrira... c'est pourquoi il est important de les en empêcher», a témoigné un soldat ukrainien dans les colonnes du Kyiv Post.
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Du point de vue russe, le moment est idéal. Après environ un an sans changement sur la ligne de front dans cette région, l'Ukraine est actuellement confrontée à un manque de matériel et de personnel. Le ravitaillement en munitions et en armes en provenance de l'Occident tarde à arriver. Le gouvernement ukrainien se plaint depuis des semaines de manquer d'obus d'artillerie pour stopper efficacement les avancées russes.
L'aide des Etats-Unis joue un rôle central dans le ravitaillement, or les livraisons d'armes approuvées par le gouvernement américain sont jusqu'à présent bloquées au Congrès par les républicains.
Depuis les hauteurs autour de Tchassiv Iar, la Russie disposerait d'une base solide lui permettant de cibler les villes de la vallée. D'abord Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien et un important nœud ferroviaire pour la logistique de l'armée, puis éventuellement aussi Sloviansk.
Les deux centres civils ont une valeur symbolique pour Moscou, écrit le Kyiv Post. Il y a une dizaine d'années, les séparatistes prorusses se sont brièvement emparés de ces villes lors des premiers affrontements avec Kiev.
C'est pourquoi la Russie y déploie «beaucoup de personnel et beaucoup de munitions, il y a des opérations aériennes et d'artillerie permanente», poursuit le soldat ukrainien interviewé. Les unités ukrainiennes sur place tentent actuellement de résister.
On ne sait pas dans quelle mesure la Russie a déjà réussi. Alors que les blogueurs militaires ukrainiens et russes rapportent déjà que les troupes russes ont atteint les contreforts de la ville, le chef de l'armée ukrainienne Oleksandr Syrsky présentait encore la situation différemment samedi.
La ville est le théâtre des «combats les plus violents», les troupes russes tentant de percer les défenses.
«Avant, il y avait des moments où l'on pouvait entendre le silence dans la ville, maintenant il n'y a plus de silence. Il y a des tirs en permanence», a déclaré Sergiy Chaus, maire de Tchassiv Iar, lors d'un entretien avec l'AFP.
La situation est devenue plus dangereuse au cours des deux dernières semaines. Les soins aux blessés sont également limités. Les ambulanciers ont rapporté à l'AFP que les équipes d'évacuation n'arrivaient plus à Tchassiv Iar. La ville ne compte plus que 770 habitants, alors qu'elle en comptait 13 000 avant la guerre, selon Sergiy Chaus.
Ce qui inquiète l'Ukraine, c'est que la situation pourrait rapidement s'aggraver. Plusieurs soldats rapportent au Kyiv Post que les Russes gèrent mieux leurs ressources qu'au début de la guerre. «Ils apprennent, ils ont appris, ils ne sont pas stupides. Ce n'est pas la même armée qu'en 2022», lance Bogdan, 21 ans.