Il y a deux semaines, le parlement américain approuvait un imposant paquet d'aide militaire destiné à l'Ukraine, débloqué après des mois d'âpres négociations. Son contenu devrait soulager les forces de Kiev, confrontées à une sévère pénurie de munitions.
Une situation difficile, que l'armée russe tente d'exploiter le plus possible. Au cours du mois d'avril, elle a multiplié les attaques terrestres: leur nombre a augmenté de 17% par rapport au mois précédent, selon les estimations du ministère britannique de la Défense. La plupart de ces opérations, soit 75%, ont été menées dans les directions de Avdiïvka, Marïnka et Tchassiv Yar.
Ces trois villes, situées dans la région de Donetsk, ont été le théâtre de violents combats. Les deux premières sont déjà tombées aux mains des Russes, qui multiplient les efforts pour s'emparer de la troisième. La preuve en est que, toujours selon le renseignement britannique, le nombre d'attaques russes près de Tchassiv Yar a augmenté de 200% entre mars et avril.
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Tchassiv Yar est située sur une colline à l'ouest de Bakhmout, elle-même capturée par Moscou en mai 2023, après une bataille particulièrement longue et meurtrière. Sa conquête permettrait aux forces russes d'attaquer d'autres villes voisines, constituant l'épine dorsale des défenses dans la région, qui pourrait, à terne, tomber entièrement sous le contrôle de la Russie.
A Kiev, on n'est pas optimiste. La chute de Tchassiv Yar «n'est probablement qu'une question de temps», a affirmé un général et responsable du renseignement militaire ukrainien (GUR) au magazine The Economist, début mai.
La ville pourrait connaître le même destin qu'Avdiïvka, évacuée par les forces ukrainiennes après des bombardements et des assauts incessants, a ajouté le général. Comme Bakhmout, Avdiïvka et Marïnka, Tchassiv Yar est désormais réduite à un tas de ruines.
C'est ce que montrent des images de drone récemment diffusées. «Un paysage apocalyptique», commente Assciated Press, résultat «de mois de bombardements sans répit».
Et pourtant, «malgré l'augmentation substantielle des attaques», la Russie «n'a réalisé que des gains tactiques mineurs dans la région au cours du mois d'avril», poursuit Londres. De plus, Moscou aurait subi de «lourdes pertes».
Des pertes que le renseignement britannique a lui-même évaluées, il y a quelques jours seulement. Selon ses estimations, les Russes ont perdu, en moyenne, 899 hommes par jour pendant le mois d'avril. Ce chiffre comprend les morts aussi bien que les blessés.
Il est «probable» que le nombre de pertes russes «augmentera encore au cours des deux prochains mois», prédit Londres. En cause, la poursuite des opérations offensives dans l'est de l'Ukraine. (asi)