La Suisse a exporté l'an dernier pour 696,8 millions de francs de matériel de guerre vers 58 pays, soit 258,2 millions (27%) de moins qu'en 2022, année record, annonce mardi le Seco. Le marché asiatique s'est notamment replié.
Il y a deux ans, la Suisse avait exporté pour 955 millions de francs vers 60 pays. A titre de comparaison, l'ensemble des exportations de marchandises depuis la Suisse a diminué d'environ 1,2% l'année passée par rapport à 2022, indique le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).
«Des fluctuations de cette ampleur ne sont pas inhabituelles», a expliqué André Mittmann, chef du secteur contrôle à l’exportation des armements du Seco. Les exportations sont en effet fortement influencées par d'importants contrats individuels, ce qui a été le cas en 2022.
Selon Mittmann, des entreprises constatent, par ailleurs, la retenue de certains pays européens dans leur approvisionnement en Suisse, notamment en raison de la clause de non-réexportation des armements. Il est toutefois encore trop tôt pour évaluer un éventuel impact sur les statistiques.
L'Allemagne reste pour l'heure le principal acquéreur de matériel de guerre helvétique l'an dernier, avec des achats pour un montant total de 168,5 millions de francs. Elle a notamment acheté pour 98,1 millions de francs de munitions, indique le Seco.
En principe, aucune exportation de matériel de guerre n'est accordée à l'Arabie saoudite. Une exception est, toutefois, applicable aux pièces de rechange et aux munitions destinées aux systèmes de défense antiaérienne livrés depuis plusieurs années par la Suisse, rappelle André Mittmann.
Il y a deux ans, le Qatar était le premier acquéreur de matériel suisse, avec des emplettes d'un montant total de 213,4 millions de francs. L'émirat avait notamment acheté des systèmes de défense antiaérienne pour protéger les stades lors de la Coupe du monde de football de décembre 2022. Ses achats sont tombés à 2,4 millions l'an dernier.
Ce recul explique en partie la chute des exportations vers l'Asie, passées de 36,1% du total à 12,9%. Celles vers l'Afrique ont aussi baissé, tombant à 0,2%, contre 4% l'année précédente. Dans le même temps, la part de l'Europe a bondi de 50,4% de l'ensemble à 76,1%.
Les munitions sont la catégorie d'armes les plus exportées (41,9%). Viennent ensuite les véhicules blindés et leurs composants (20,2%) et le matériel de conduite de tir et ses composants (9,2%).
Concernant les biens militaires spécifiques (tels que les systèmes de guidage d’atterrissage pour drones, les appareils de vision nocturne et d’imagerie thermique ou les équipements électroniques de brouillage), la valeur totale des autorisations délivrées selon la liste du Seco s'est élevée à 60,5 millions de francs, contre 69 millions en 2022.
Au total, la valeur des exportations autorisées s'est établie à 1,69 milliard de francs l'an dernier. L'écart avec la valeur effective s'explique d'une part par le fait que certains biens autorisés ne sont exportés que durant la période suivant le rapport. D'autre part, il arrive que des autorisations ne soient pas utilisées en raison d'un défaut de financement, ou parce que le client ajourne ou annule la commande, explique le Seco.
L'an dernier, le Seco a reçu 2278 demandes d'exportation. Il en a accepté 2238 et en a rejeté quatre. Un an plus tôt, il avait admis 2420 demandes sur les 2625 qu'il avait reçues.
Concernant la guerre en Ukraine, le Seco rappelle que la Suisse applique le droit de la neutralité depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014.
En vertu du principe de l'égalité de traitement inscrit dans le droit de la neutralité, Berne ne peut pas autoriser la transmission de matériel de guerre d'origine suisse à l'Ukraine tant que Kiev est impliqué dans un conflit armé international. En outre, les critères d'autorisation prévus par la législation suisse excluent la livraison de matériel de guerre à des pays impliqués dans un conflit armé international. (ats/svp)