Dans son discours prononcé jeudi, le président américain Joe Biden a détaillé la réponse des Occidentaux à l'offensive russe en Ukraine. Il a surtout rappelé qu'il n'était pas question d'envoyer des troupes américaines dans le pays.
Voici les cinq motifs qui découragent le démocrate à sévir militairement contre son adversaire russe.
Il ne vous a pas échappé que l'Ukraine ne se trouve pas aux frontières des Etats-Unis. Le conflit ukrainien ne constitue donc pas une menace imminente pour leur sécurité nationale. Ajoutons à cela que les Américains ne possèdent pas d'intérêts fondamentaux sur place:
Argument final et non des moins: l'Ukraine ne représente pas un partenaire commercial majeur, comme le rappelle la BBC.
Cette absence d'intérêt national urgent n'avait pas empêché les prédécesseurs de Biden de se lancer dans des conflits armés sanglants et très coûteux qui ne les concernaient pas directement.
Pour vous citer quelques exemples:
Des interventions que Joe Biden avait lui-même soutenues: il avait appuyé l'action militaire américaine dans les années 1990 pour faire face aux conflits ethniques dans les Balkans. Et il avait même voté pour l'invasion malheureuse de l'Irak en 2003.
La fibre interventionniste de Biden a bien perdu de sa vigueur avec les années. Sa prudence s'est même accrue avec les années: il s'est opposé à l'intervention d'Obama en Libye, ainsi qu'à l'envoi de troupes en Afghanistan.
Plus récemment, Joe Biden s'est résolument maintenu à son ordre de retrait des forces américaines d'Afghanistan l'année dernière. Et ce, en dépit de la catastrophe humanitaire et du chaos qu'il a laissés dans son sillage.
Ajoutons finalement que son ministre des Affaires étrangères, Antony Blinken (qui a joué un rôle essentiel dans la politique étrangère de Biden depuis 20 ans) a défini d'autres combats comme prioritaires: le réchauffement climatique, les pandémies mondiales ou encore la concurrence avec la Chine.
Selon un récent sondage, 72% des Américains estiment que les Etats-Unis devraient jouer un rôle mineur dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine - voire pas de rôle du tout, rapporte AP News.
L'opinion publique américaine se sent davantage concernée par les problèmes économiques, l'inflation croissante ou encore l'immigration.
Des éléments dont Biden doit impérativement tenir compte, à neuf mois des élections de mi-mandat susceptibles de redessiner le paysage politique américain.
A Washington, des voix républicaines et démocrates s'élèvent pour exiger des sanctions plus sévères envers la Russie, comme le note Reuters. Toutefois, la plupart s'accordent sur le fait que ces mesures doivent se cantonner à l'économie.
Une guerre armée avec Poutine suscite des craintes de tous les côtés du Sénat.
Même les voix les plus fermes ne souhaitent pas forcément l'envoi de troupes américaines armées sur place. Parmi eux, le sénateur républicain Ted Cruz, virulent opposant à Biden, ou encore le républicain Marco Rubio qui a affirmé qu'une guerre entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde ne serait bonne pour personne.
Biden lui-même a affirmé ouvertement qu'il ne veut pas déclencher une «guerre mondiale» en provoquant un affrontement direct entre les troupes américaines et russes.
«Ce n'est pas comme si nous avions affaire à une organisation terroriste», a déclaré le président à la chaîne NBC au début du mois. «Nous avons affaire à l'une des plus grandes armées du monde. C'est une situation très difficile et les choses pourraient s'emballer rapidement.» Il ne croyait pas si bien dire...
Last but no least: les Etats-Unis n'ont aucune obligation à prendre un tel risque. Aucune convention légale ne les contraint à voler au secours de l'Ukraine.
Pour rappel, l'Ukraine n'est pas membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) - dont l'article 5 oblige tous les membres à se défendre mutuellement.
Une considération quelque peu ironique, quand on sait que le conflit lui-même porte notamment sur l'exigence de Poutine d'obtenir des garanties que l'Ukraine ne soit jamais autorisée à rejoindre cette alliance militaire.