Le président russe Vladimir Poutine va formaliser vendredi à Moscou l'annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes, qu'il a menacé de défendre même avec l'arme nucléaire.
Dans des décrets publiés jeudi soir, le chef de l'Etat a reconnu l'indépendance des régions ukrainiennes de Zaporijia et Kherson, une étape préalable à leur annexion. La Russie avait déjà reconnu fin février l'indépendance des deux autres régions qu'elle se prépare à annexer, celles de Donetsk et de Lougansk.
La Russie a déjà annexé en 2014 la Crimée, une péninsule du sud de l'Ukraine. L'Ukraine a, elle, dénoncé ces annexions et balayé les menaces de recours à l'arme nucléaire de Poutine.
Le président américain Joe Biden a promis de ne «jamais, jamais, jamais» reconnaître les résultats des référendums «orchestrés par la Russie» en Ukraine:
Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, un tel comportement n'a «pas de place dans le monde moderne».
Les succès militaires de Kiev début septembre ont contraint Poutine à organiser à la hâte des «référendums» d'annexion et à mobiliser des centaines de milliers de Russes dans l'armée, une mesure qui a conduit des foules vers un exode de Russie.
Vladimir Poutine a assuré jeudi que l'offensive qu'il a lancée contre l'Ukraine le 24 février était l'un des résultats de l'«effondrement de l'Union soviétique», tout comme les conflits qui couvent en d'autres endroits du vaste espace de l'ex-URSS. Il a assuré qu'un «ordre mondial plus juste» était en train de se former via «un processus difficile».
La capitale russe se préparait aussi à des festivités avec circulation restreinte vendredi et l'organisation d'un concert à l'ombre des murs du Kremlin, auquel Poutine pourrait faire une apparition. Les responsables installés par Moscou dans les régions de Donetsk et Lougansk, Zaporijia et de Kherson sont eux déjà dans la capitale russe, selon les médias locaux.
Sur le terrain, l'Ukraine poursuit toujours sa contre-offensive dans l'Est et le Sud du pays.
Après avoir reconquis l'essentiel du Nord-Est, l'Ukraine semble lancée dans la reprise de Lyman, une ville de la région de Donetsk et important nœud ferroviaire que l'armée russe contrôle depuis mai:
Les bombardements russes continuaient de frapper les villes ukrainiennes, tuant notamment un enfant dans la nuit de jeudi à vendredi à Dnipro. Au moins cinq civils ont été tués mercredi dans la partie sous contrôle ukrainien de la région de Donetsk.
Les forces ukrainiennes avaient aussi repris le contrôle total du nœud ferroviaire de Koupiansk, dans le nord-est, parvenant à chasser les troupes russes de la rive Est de la ville, ont constaté jeudi des journalistes de l'AFP, qui ont vu cinq cadavres en uniforme militaire près de véhicules portant des signes de reconnaissance russes.
En Russie, la mobilisation de centaines de milliers de civils réservistes pour venir renforcer les lignes russes se poursuivait, tout comme l'exode de dizaines de milliers de personnes craignant d'être mobilisés. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, arrivée en Mongolie par la frontière terrestre, préfère garder l'anonymat pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à fuir:
Alors que le mécontentement monte en Russie face à une mobilisation souvent chaotique, Vladimir Poutine a reconnu jeudi des «erreurs à corriger», demandant à «faire revenir à la maison ceux qui ont été convoqués sans raison appropriée».
Sur le front international du conflit, ce sont les fuites dues à de mystérieuses explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui nourrissent de nouvelles tensions russo-occidentales. Les deux camps s'accusent désormais à demi-mot d'avoir saboté les tubes sous-marins, infrastructure cruciale pour l'approvisionnement européen en gaz russe.
Poutine a ainsi dénoncé un «acte de terrorisme international» et «un acte de sabotage sans précédent». Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue vendredi sur le sujet, à la demande Moscou. (ats/jch)