Cela fait sept jours que Vladimir Poutine a lancé son attaque contre l'Ukraine. Alors que Kiev attend une offensive annoncée, voici l'état des lieux jeudi matin. 👇
L'armée russe a annoncé dans la matinée de mercredi s'être emparé de Kherson, située non loin de la péninsule de Crimée annexée en 2014 par Moscou. Cette ville portuaire et sa périphérie ont subi d'intenses bombardements. Il s'agit de la plus grande ville prise par les forces russes depuis le début du conflit.
Le maire de cette cité de 290 000 habitants, Igor Kolykhaïev, a confirmé l'annonce. Il a discuté avec des «invités armés» dans un bâtiment de l'administration de Kherson. «Nous n'avions pas d'armes et n'étions pas agressifs. Nous avons montré que nous travaillons à sécuriser la ville et essayons de parer aux conséquences de l'invasion», a-t-il dit dans un message sur Facebook. «Nous rencontrons d’énormes difficultés avec la collecte et l’inhumation des morts, la livraison de nourriture et de médicaments, la collecte des ordures, la gestion des accidents, etc.», a-t-il poursuivi.
Le chef de l'administration régionale, Guennadi Lakhouta, a appelé sur Telegram les habitants à rester chez eux, indiquant que «les occupants (russes) sont dans tous les quartiers de la ville et sont très dangereux».
Mercredi, les forces russes ont bombardé Kharkiv, la deuxième ville du pays, située dans l'est à 50 km de la frontière avec la Russie. Jeudi matin, les habitants résistaient à coups de cocktails molotov.
Plusieurs bombardements dans le centre-ville ont touché des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées. La mairie a été détruite.
Selon le gouverneur régional, les bombardements ont fait au moins 21 morts, dont une membre ukrainienne de l'OSCE en pleine mission locale à Kharkiv.
A l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, «ça se dégrade d'heure en heure», a témoigné auprès de l'AFP une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné.
Le maire Vadim Boïtchenko a assuré que les forces ukrainiennes «ont repoussé dignement» les attaques, rapporte Ouest France.
«Aujourd’hui a été le jour le plus difficile et le plus cruel des sept jours de la guerre. Aujourd’hui, ils voulaient juste tous nous détruire», a-t-il affirmé dans une vidéo sur Telegram accusant les troupes russes d’avoir «tiré sur nos immeubles résidentiels». Selon lui, des infrastructures essentielles ont de nouveau été endommagées, privant les habitants de lumière, d'eau et de chauffage.
La prise de Marioupol pourrait être décisive: si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord-est.
La centrale de Zaporizja, a signalé Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, rapporte Le Soir. Le personnel ukrainien serait resté sur place pour garantir un fonctionnement sûr de la centrale nucléaire.
L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti.
Ces négociations commenceront jeudi matin dans un lieu en Biélorussie situé «non loin de la frontière avec la Pologne», a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.
De premières discussions lundi n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.
Les Etats-Unis vont «soutenir des efforts diplomatiques» de l'Ukraine pour obtenir un cessez-le-feu avec la Russie, même si «c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent», a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui «exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine», seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.
En sept jours, la guerre a fait fuir un million de personnes à destination des pays voisins, selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés Filippo Grandi.
Les actes commis par la Russie sur le territoire ukrainien seront désormais d'autant plus scrutés que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a annoncé mercredi soir «l'ouverture immédiate» d'une enquête pour crimes de guerre. (mbr)