En décembre 1944, au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, un lieutenant de l'armée japonaise nommé Hirō Onoda a été transféré sur la petite île de Lubang située dans l'archipel des Philippines afin de combattre les Américains. Sa mission: se rendre derrière les lignes ennemies avec un petit groupe de soldats et y récolter des informations.
Quelques semaines après leur arrivée, l'armée américaine reprend l'île, obligeant les soldats nippons à se réfugier dans la forêt. Mais contrairement à la plupart de ses compagnons, Hirō est resté caché pendant environ 30 ans.
Le gouvernement japonais a déclaré Onoda mort en 1959, mais en fait, il était vivant et accomplissait une mission secrète qui lui avait été confiée: protéger l'île jusqu'au retour de l'armée impériale. Il était convaincu, depuis le début que la guerre n'était pas finie, s'accrochant aux instructions de son supérieur, le major Yoshimi Taniguchi, qui lui furent données à son arrivée sur l'île. En effet, on lui avait promis que des soldats viendraient le chercher à la fin de sa mission d’infiltration, même si cela devait prendre des années.
La guerre a pris fin peu de temps après, mais Hirō et trois autres recrues restées à ses côtés n'ont pas cru la nouvelle, prenant pour une supercherie les tracts largués sur Lubang pour informer l'armée isolée de la reddition du Japon le 15 août 1945.
Ensemble, ils continuent de se cacher dans la jungle, complétant leurs rations avec des bananes, des noix de coco et du riz volé dans des fermes pour survivre.
D’autres tracts et journaux sont largués. Des officiels se rendent sur place armés de mégaphones pour inviter les soldats à rentrer au pays, tentant de les ramener à la raison. Mais la paranoïa de ces derniers les empêche de croire à la fin de la guerre. Les années passent, un homme d'Hirō déserte, un autre est tué quelque temps après lors d’une escarmouche. C'est en 1972, après 27 ans d’infiltration, que le dernier compagnon d'Hirō est tué lors d’un combat avec une patrouille philippine, le laissant complètement isolé durant trois ans.
L’identification du corps du dernier compagnon fait supposer au gouvernement japonais qu'Hirō, déclaré mort depuis des années, est peut-être toujours embusqué quelque part dans la jungle. Des recherches sont organisées, mais l'art du camouflage d'Hirō Onoda est simplement légendaire et personne n’arrive à mettre la main dessus. Jusqu’au jour de 1974 où l’étudiant Nario Suzuki décide de voyager à travers le monde. Il se fixe trois objectifs : «trouver Hirō, un panda, et l’épouvantable homme des neiges.»
Après s'être rendu aux Philippines et avoir parcouru un long périple dans la jungle, il découvre la cachette de Hirō où l’irréductible soldat refuse de l’accompagner, s'accrochant toujours aux instructions qu'on lui donna 30 ans plus tôt: lorsque le combat sera terminé, l’armée viendra le chercher.
Nario Suzuki retourne donc au Japon et avertit le major Taniguchi de sa découverte. L’ancien militaire reconverti depuis en libraire accompagne l'étudiant sur place et peut enfin annoncer à Hirō qu’il peut rentrer chez lui. C'est ainsi que la guerre d'Hirō prit fin le 9 mars 1974. À 52 ans, le soldat voit soudainement la mission qui a dicté sa vie prendre fin, il a passé sa vie à mener un combat qui n’avait plus de raison d’être.
Si cette fascinante histoire vous intéresse, vous pouvez sans hésiter vous jeter sur le film d'Arthur Harari: Onoda: 10 000 nuits dans la jungle. Le long-métrage a d'ailleurs remporté le César du meilleur scénario original en février 2022.
Hirō Onoda est le plus connu de ceux qu'on nomme les «soldats japonais restants». Ces soldats de l'armée impériale japonaise de la guerre du Pacifique qui ont continué à se battre après la guerre.