Le variant Lambda. Oui, c'est plutôt rigolo. Après seulement quelques lettres grecques, nous voilà aux prises avec un variant quelconque. Une menace ordinaire. La version quidam d'un virus qui tue (encore). Une frange du Covid-19 responsable de plus de 80% des cas au Pérou, un pays qui se hisse tout de même en cinquième position niveau mortalité pandémique. Juste après les Etats-Unis. Mais, oui, «variant Lambda», à écrire et à prononcer, c'est plutôt rigolo.
On va peut-être mourir d'un variant lambda les gars, calmez vos égos.
— Oui. (@ouimenon) July 8, 2021
D'ailleurs, rassurez-vous: Lambda ne préoccupe (pour l'instant) pas les autorités sanitaires occidentales. Elles l'ont simplement à l'oeil. Mais c'est suffisant pour le voir danser sur le bout de nos langues depuis à peine quelques jours. Pour la première fois, prononcer le nom d'un variant produit une émotion inédite, un effet différent.
L'OMS, en rebaptisant les variants pour éviter toute discrimination basée sur l'origine, vient de rendre involontairement hommage au célèbre dandy cassandre. Le Covid-19, par l'intermédiaire du langage et d'un énième variant, tombe aujourd'hui dans une médiocrité ordinaire: c'est difficile de craindre un ennemi qui porte un nom quelconque.
Depuis toujours, pour impressionner son monde, le blase fait beaucoup. Aigle Majestueux, c'est naturellement plus imposant que Moustique Timide. Superman, Dark Vador, Black Widow, Kang le conquérant, les super-héros et les plus grands méchants s'habillent toujours de syllabes à l'allure massive et respectable. Pat Hibulaire ce n'est pas Mickey Mouse. Hulk Hogan ne fait pas le même effet que Mister Bean.
Jusque dans la musique où il paraît quasi rassurant d'écouter du metal interprété par des groupes comme Black Sabbath, White Zombie ou Iron Maiden plutôt que Petit Biscuit ou Christophe Maé. Du variant brésilien au variant Lambda, c'est peut-être toute une symbolique qui s'écroule. Voilà l'ennemi commun à hauteur d'Homme.
Reste que l’être humain n’a jamais vraiment su baptiser correctement ses ennemis naturels. Personne n'a jamais voulu appeler un chat, un chat. Rappelons-nous qu’en ce moment, c’est la pauvre Elsa qui s’est libérée et délivrée pour souffler un immense vent de panique (typique des tempêtes tropicales ça 🙄). Rien de bien angoissant.
Et puis, sachez enfin que je ne vous raconte pas tout ça simplement parce que l'on sait déjà que la prochaine tempête s'appellera officiellement… Fred.