L'île de Maui a été ravagée ces derniers jours par des incendies de forêt qui, selon les médias américains, sont considérés comme les plus graves de l'histoire des Etats-Unis. Selon les autorités, près de cent morts ont été retrouvés jusqu'à présent. La région autour de la ville de Lahaina, au nord-ouest de l'île, a été la plus durement touchée.
«Pendant plusieurs jours, ça sentait le feu de camp», raconte Kim Moore. Cette Argovienne vit depuis environ quatre ans à Kihei, à près de 40 kilomètres de Lahaina. Mardi soir, elle a reçu le SMS d'alerte des autorités lui demandant de quitter la région. L'ancienne habitante de Birrwil (AG) a alors fait ses bagages et rempli la voiture. Deux voisins ont monté la garde toute la nuit.
Finalement, Kim Moor est restée avec sa famille et leur domicile a été épargné par les flammes.
A Lahaina, en revanche, des milliers de personnes ont perdu leur maison. La région est séparée du reste de l'île par une montagne. Outre les deux routes principales, seuls des petits chemins permettent de sortir de la ville. Blake Moore, le mari de Kim, qui propose des excursions en bateau à Lahaina, a perdu son entreprise. Au moment des incendies, il n'était cependant pas dans le bâtiment.
Les incendies de forêt et de brousse ne sont pas rares à Maui. Mais personne ne s'attendait à ce qu'ils soient aussi dévastateurs.
«Le feu est arrivé si vite que beaucoup de gens ne l'ont remarqué que lorsqu'il était presque trop tard», explique Kim Moore.
L'un de ses amis a quitté Lahaina pour se rendre dans une pharmacie voisine. Lorsqu'il a voulu rentrer, la route était déjà barrée. «Sa femme, ses deux jeunes enfants et sa mère étaient encore en ville», raconte la Suissesse. Ils ont finalement pu se mettre en sécurité. Ces derniers jours, de nombreux habitants de l'île ont critiqué le fait qu'aucune sirène d'alerte n'ait retenti ce soir-là.
Mercredi matin, Blake Moore a quitté Kihei en bateau pour se rendre dans la zone sinistrée afin d'apporter de l'eau, de la nourriture et d'autres articles de secours. «Mais il n'a pas été autorisé à aller jusqu'à la côte, car il y a encore des corps dans l'eau», explique Kim. Pendant les incendies, de nombreuses personnes se sont réfugiées dans la mer, en désespoir de cause.
Pour éviter l'hypothermie, elle s'est petit à petit rapprochée de la côte. «Mais là, elle pouvait à peine respirer et a été brûlée par les cendres qui volaient dans l'air», précise Kim.
Actuellement, plus de mille personnes sont portées disparues.
Des chiens renifleurs de cadavres aident à retrouver les disparus dans les ruines calcinées. Mais jusqu'à présent, les équipes n'ont fouillé qu'un quart environ de la zone concernée.
La Suissesse a passé les derniers jours à soutenir ses amis et connaissances, et à organiser l'aide. «Nous avons créé une page de dons et j'ai pratiquement vidé ma maison», raconte-t-elle. Vêtements, couvertures, matelas pneumatiques, biberons – au total, elle a apporté une quinzaine de grands sacs dans les différents abris d'urgence.
Les dégâts sur l'île sont immenses. A moyen et long terme, il faudra réfléchir à la manière dont la vie des habitants de l'île pourra être reconstruite, confie Kim Moore. «Cela prendra des années.»
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder