«Au cours des dix prochains jours, ce nombre pourrait doubler», a estimé le gouverneur de Hawaï, Josh Green sur CNN, en annonçant la découverte de trois cadavres supplémentaires, qui porte le total à 99 morts.
Car les chiens renifleurs qui fouillent actuellement les décombres de la ville de Lahaina, quasiment rasée par les flammes, ont encore beaucoup de terrain à couvrir. La plupart des corps retrouvés jusqu'ici l'ont été près du front de mer ou dans l'océan, où des dizaines d'habitants se sont jetés pour échapper aux flammes, selon le gouverneur.
A Lahaina, 12 000 habitants et ex-capitale du royaume d'Hawaï, le feu a été si intense qu'il a fait fondre le métal. Les cadavres sont méconnaissables et la police appelle les proches de personnes disparues à faire un test ADN pour faciliter l'identification des victimes.
Les autorités recensent encore 1300 disparus, selon le gouverneur. Un chiffre qui baisse au fur et à mesure que les communications sont progressivement rétablies sur l'île de Maui et que les habitants arrivent à localiser leurs proches.
Les circonstances de ces incendies fulgurants, dont la cause n'est pas encore connue, restent floues. Ils ont pris la population par surprise, ce que beaucoup reprochent aux autorités.
Comme de nombreux habitants, elle n'a reçu ni alerte, ni ordre d'évacuation, à cause d'une série d'anomalies. Les sirènes, utilisées notamment pour les tsunamis, sont restées muettes. Défaillance technique ou décision des opérateurs? Nul ne sait. Les alertes officielles à la télévision et la radio, elles, étaient inutiles pour les résidents privés d'électricité.
Enfin, les téléphones n'ont pas pu aider, faute de réseau. Selon des habitants, l'avertissement habituellement envoyé en cas de danger météorologique ou d'alerte enlèvement, n'a pas retenti sur leurs appareils. Une enquête a été ouverte sur les événements et notamment les décisions prises par les autorités.
La députée de Hawaï Jill Tokuda a déjà reconnu que les autorités avaient «sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu». Mazie Hirono, sénatrice démocrate de l'archipel, a, elle, déclaré sur CNN ne pas vouloir «chercher à trouver des excuses pour cette tragédie».
De nombreux facteurs ont contribué à la dangerosité de ces feux, comme un ouragan au sud-ouest de l'île qui nourrissait des vents très violents et un hiver anormalement sec.
Ils surviennent au milieu d'un été marqué par des événements météorologiques extrêmes sur la planète, liés au réchauffement climatique selon les experts, dont une vague de chaleur intense, dans le sud des Etats-Unis et des mégafeux de forêt au Canada.
Face à l'étendue des dégâts, le président américain Joe Biden a indiqué envisager de se rendre à Hawaï, où plusieurs feux de plus petite taille brûlent encore.
Des habitants, soucieux de recouvrer des bribes de leurs vies épargnées par les flammes, de rechercher des animaux domestiques ou des êtres chers disparus, ont attendu des heures dans l'espoir d'avoir accès aux sites de leurs habitations.
Mais la police de Maui a érigé des barrages et averti que les membres du public, même certains de ceux prouvant qu'ils habitaient à Lahaina, ne seraient pas autorisés à entrer dans le périmètre sinistré tant que l'estimation des risques et les recherches étaient en cours.
Et, après avoir exercé son ministère pendant près de 50 ans à l'église baptiste de Lahaina, c'est dans une cafétéria de la ville proche de Kahului que le pasteur Arza Brown a célébré l'office dimanche devant près de 200 habitants de Lahaina. Son église a été détruite, comme sa maison.
«Nous nous rassemblons aujourd'hui, juste pour être ensemble et nous donner du courage», a dit le pasteur en racontant «éprouver la perte pour la première fois», comme ses fidèles, malgré une vie à «aider beaucoup de monde à traverser de nombreux désastres».
Rien que pour l'incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,5 milliards de dollars. Quelque 2207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema). (chl/ats)