Les flammes ne donnent aucun répit aux pays du bassin méditerranéen. La Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, mais aussi l'Algérie sont frappés depuis quelques jours par une violente vague de feux de forêt, laissant derrière eux un lourd bilan humain et environnemental.
Cette saison des incendies s'annonce d'ores et déjà exceptionnelle. Plus de 1800 km2 de végétation ont déjà brûlé depuis le début de l'année dans les pays de l'UE, selon les dernières données du Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS). Une valeur nettement plus élevée par rapport à la moyenne des 15 dernières années.
Un autre élément qui ressort des analyses de l'EFFIS est la rapidité avec laquelle les incendies ont progressé. La superficie brûlée a en effet augmenté de 42% en l'espace d'une semaine, au cours de laquelle quelque 543 km2 de forêt sont partis en fumée: l'équivalent de la taille de la ville de Paris, multipliée par cinq.
Une bonne partie des feux se concentrent en Grèce, où la progression des flammes a été plus fulgurante encore. Dans la semaine du 15 au 22 juillet, la superficie brulée est passée de 7,3 à plus de 391 km2: elle a été multipliée par 50.
Les incendies ne sont pas un phénomène inhabituel en Grèce, indique l'observatoire du climat de l'Union européenne dans un bulletin d'information, mais la rapidité de leur progression et leur ampleur le sont. Les dernières valeurs enregistrées dépassent en effet de 100 km2 la pire année jamais enregistrée.
Une vague de chaleur tout aussi exceptionnelle explique cette situation. Le pays traverse, en effet, une canicule «très intense et prolongée»: jusqu'à 17 jours de suite selon les prévisions des météorologues, une première dans l'histoire grecque. Les températures maximales dépassent aisément les 44°C.
Les incendies ont commencé à faire rage le 17 juillet et se sont surtout développés à proximité de zones densément peuplées et touristiques. C'est le cas de la région métropolitaine d'Athènes et des îles de Corfou, d'Eubée et de Rhodes. Cette dernière a été particulièrement touchée: les incendies, qui ont ravagé une importante partie de sa surface, sont visibles depuis l'espace.
The catastrophic fires in #Rhodes are clearly visible from space here, as #MTGI1 observed their resulting large smoke plumes on Saturday.
— EUMETSAT (@eumetsat) July 24, 2023
Please note: this is preliminary commissioning data. pic.twitter.com/fY9aJAiWUq
Près de 20 000 habitants et touristes, dont 135 Suisses, ont été évacués des zones sinistrées. Le gouvernement grec a décrit cette opération d'évacuation comme la plus importante de l'histoire du pays.
On dénombre déjà les premières victimes. Deux pilotes d'un bombardier d'eau sont morts mardi sur l'île d'Eubée, lorsque leur appareil s'est écrasé dans un ravin. Les médias grecs font état d'au moins deux autres décès, dont une femme retrouvée morte, des brûlures sur le corps, dans un camping-car dans une zone côtière près de Volos, dans la préfecture de Magnésie.
Autre conséquence des feux, les émissions de carbones dues aux incendies sont montées en flèche dans le pays. Le mois de juillet 2023 affiche, de loin, les valeurs les plus élevées jamais enregistrées, selon les données de Copernicus.
Les scientifiques du groupe World Weather Attribution (WWA) estiment que ces vagues de chaleur sont dues aux changements climatiques, eux-mêmes liés à l'activité humaine. Il ne s'agit plus d'«événements exceptionnels», préviennent-ils.
Plus de 450 pompiers et 104 véhicules sont actuellement déployés dans le pays, selon les déclarations de la Commission européenne. Malgré l'effort des sauveteurs, les choses risquent de ne pas s'arranger de sitôt. Les dernières prévisions de Copernicus prévoient une situation de «danger très extrême» d'incendie pour le centre et le sud de la Grèce.