Islamabad a annoncé jeudi une série de mesures de rétorsion répondant point par point à des décisions similaires prises par l'Inde après une fusillade meurtrière au Cachemire dont elle tient le Pakistan pour responsable.
Jeudi, les plus hauts responsables civils et militaires du Pakistan se sont réunis durant deux heures et à l'issue de ce conseil, le bureau du Premier ministre Shehbaz Sharif a annoncé plusieurs mesures contre le voisin et rival historique.
Cette dernière série marque une nouvelle escalade dans le bras de fer dans lequel sont engagées les deux puissances nucléaires depuis l'attaque de mardi. «Toute menace contre la souveraineté du Pakistan et la sécurité de son peuple fera l'objet de mesures de réciprocité fermes», a prévenu le Comité de la sécurité nationale.
Il a ensuite détaillé: «les conseillers indiens de la défense, de la marine et de l'aviation à Islamabad sont déclarés persona non grata»; «tous les échanges commerciaux avec l'Inde, y compris à destination et en provenance de pays tiers transitant par le Pakistan, sont immédiatement suspendus».
En outre, «l'espace aérien pakistanais sera fermé avec effet immédiat à toutes les compagnies aériennes appartenant à l'Inde ou exploitées par l'Inde».
Comme l'Inde l'a fait la veille pour ses ressortissants, «le Pakistan suspend tous les visas délivrés aux ressortissants indiens et les annule avec effet immédiat, à l'exception de ceux de pèlerins religieux sikhs».
«Les ressortissants indiens se trouvant actuellement au Pakistan ont 48 heures pour quitter le pays», précise le communiqué du gouvernement, qui ajoute que le principal poste-frontière est désormais fermé dans les deux sens.
L'Inde a ordonné jeudi à tous les citoyens du Pakistan, à l'exception des diplomates, de quitter son territoire d'ici au 29 avril, en représailles à l'attentat qu'elle impute à son voisin et qui a causé la mort de 26 civils dans sa partie du Cachemire.
La principale pomme de discorde entre les deux pays reste toutefois la question de l'eau, cruciale dans une région fortement menacée par la sécheresse et le changement climatique.
Mercredi, New Delhi a dit dénoncer le Traité sur les eaux de l'Indus, ratifié en 1960 et jamais remis en question malgré trois guerres entre les deux voisins, accusant Islamabad de «soutien au terrorisme transfrontalier». La police indienne assure également rechercher deux tireurs pakistanais.
L'attaque, qui a fait 26 morts mardi, n'a pas été officiellement revendiquée et le Pakistan accuse New Delhi de le pointer du doigt «sans preuve».
«Toute tentative de réduire ou détourner le flux de l'Indus appartenant au Pakistan conformément au traité sur les eaux de l'Indus et toute tentative de bafouer les droits des riverains seront considérées comme un acte de guerre et feront l'objet d'une réponse ferme», a prévenu Islamabad.
Le Pakistan va envoyer jeudi une convocation à l'ambassade d'Inde, a annoncé le vice-Premier ministre Ishaq Dar, également chef de la diplomatie.
«L'Inde mène une guerre de basse intensité contre nous et s'ils veulent faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale», a ajouté à ses côtés le ministre de la Défense Khawaja Asif. (jzs/ats)